Toute première fois N°284

Who Killed Teddy Bear

Relativement peu connu, évoluant sous les ondes radars depuis des décennies, WHO KILLED TEDDY BEAR marque un tournant radical dans la carrière de Sal Mineo. Partenaire de James Dean dans LA FUREUR DE VIVRE, le jeune acteur au visage d’ange brisait définitivement son image avec ce thriller psychosexuel qui mit les censeurs en émoi.
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Les carrières vacillantes appellent en général les changements de registres brutaux. Prenez par exemple Anthony Perkins. Les années 50 lui avaient offert une tripotée de rôles de jeunes premiers tour à tour naïfs, inexpérimentés voire complètement idiots. En acceptant d’endosser en 1960 le personnage de Norman Bates dans Psychose d’Alfred Hitchcock, Perkins anéantissait sa candide figure tout en accédant à la reconnaissance internationale. Sans ce virage à 180 degrés, le comédien se serait-il retrouvé deux ans plus tard tête de pont du Procès d’Orson Welles ? Sur ce même schéma, Sal Mineo, né Salvatore Mineo Jr., ambitionnait de redresser la barre d’un parcours qui dérivait tranquillement. Trop tranquillement, malgré des débuts foudroyants sur le tarmac. À huit ans, le bambin du Bronx intègre un gang. À dix, il est arrêté pour vol. Pourtant c’est le théâtre, une option choisie par sa mère, qui lui évite la maison de redressement. À l’âge de 13 ans, Yul Brynner le prend sous son aile et lui enseigne les rudiments du métier lors des représentations de la comédie musicale Le Roi et moi (1952). Mineo la gueule d’ange emballe déjà quelques groupies. Pourtant, son arrivée sur le grand écran, il ne la doit nullement à son talent de comédien, mais plutôt à sa ressemblance avec Tony Curtis. La production de La Police était au rendez-vous (1955) propulse le jeune avatar de Curtis sous le feu des projecteurs. Mais ce sont ceux de La Fureur de vivre qui en feront une quasi-star la même année. Conscient du magnétisme et de l’ambiguïté sexuelle véhiculés par Mineo, Nicholas Ray, le réalisateur du film, travaille l’ambivalence de la relation James Dean/Sal Mineo/Natalie Wood. Au point que ce classique instantané se présente comme le portait d’une génération en crise chargé d’une énergie érotique stupéfiante pour l’époque. La suite laissait présager la montée au firmament. Il n’en sera rien. D’ailleurs il suffit de se pencher non pas sur les titres de la filmographie de Mineo, mais seulement sur les prénoms des personnages interprétés par l’acteur, pour bien comprendre les désavantages d’un physique typé, aussi avenant soit-il. Le jeune Italo-Américain enfile alors toute une série de Dino, Angelo, Miguel, Cortez, Paco, Romolo puis de nouveau Angelo. La liste est longue. Hollywood lave plus blanc grâce à ses compléments ethniques. Il faudra donc attendre plus de dix ans avant que Mineo puisse se sortir de l’ornière grâce à la naissance du nouveau cinéma indépendant des années 60. Raillée par une presse impitoyable, poursuivi par des rumeurs (fondées) d’homosexualité, l’archangélique Mineo relève le chalenge façon Perkins et accepte le premier rôle d’une toute petite production : Who Killed Teddy Bear. Un thriller psychosexuel qui ne cache pas ses intentions d’en découdre avec son époque et de corrompre une vieille icône de 26 balais. 

UN PSYCHOPATHE INTROVERTI ET CHARMEUR 

Après tout, il n’est ici question que de tactique et de méthode qui ne peuvent déboucher que sur [...]

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