C’est l’immuable cycle de la vie : qui dit numéro de janvier dit bilan de l’année précédente. Saut que 2020 n’a ressemblé au aucune autre année, ce qui se ressent forcément sur les choix de la rédaction et sur les interrogations d’une Mad Team tiraillée par des questions cinéphilico-existentielles, comme vous pourrez le constater dans le débat qui suit... Allez, ciao 2020, bon débarras, et 2021, si tu pouvais faire un effort pour redresser la barre, ce serait sympa, merci !
Pour célébrer cette nouvelle année, et dire adieu à la saison cinématographique
la plus frustrante depuis la création de ce magazine, nous
avons décidé de nous payer une petite cure d’épouvante, et de nous
intéresser à une sous-catégorie particulièrement malade du genre.
Élevée au rang d’art par David Cronenberg, la body horror a remué
quelques estomacs et infecté quelques esprits en près d’un demi-siècle
d’existence. Mais elle s’est aussi aliéné la critique et le grand public,
et a bien trop souvent été considérée comme un caprice underground.
Retour sur un mouvement artistique hardcore, où les abominations
sont avant tout intimes…
L’Association des Amis de Michel Gourdon vient d’éditer, à un tirage très limité (300 exemplaires) un magnifique ouvrage regroupant les couvertures conçues par Michel Gourdon pour les collections orientées fantastique et horreur de la maison Fleuve Noir. Un voyage graphique débordant de sortilèges érotiques et monstrueux qui ont marqué l’imaginaire du genre littéraire français.
Au diapason hargneux des évolutions du pays, le 7e Art hexagonal peut s’avérer d’une belle méchanceté pour peu qu’on l’asticote suffisamment, même si l’uniformisation rampante rend l’exercice de plus en plus rare (seul exemple récent : le Furie d’Olivier Abbou). Dans la foulée de la sortie en Blu-ray chez Le Chat qui fume de La Traque, petit tour d’horizon de la rage d’origine française contrôlée.
À visage découvert, David Prowse passait partout incognito, ou presque. Pourtant, il compte parmi les icônes de la pop culture les populaires du XXe siècle. Une seule raison à cela : il prête sa silhouette et ses gestes à Dark Vador, cette altesse maléfique dont une puissante voix gutturale et un souffle asthmatique complètent la panoplie… Ce n’est pourtant pas sa seule contribution à la grande Histoire du fantastique.
Étrange et sombre destin que celui de Margot Kidder, comédienne canadienne devenue célèbre en incarnant à quatre reprises Lois Lane, la fiancée de Superman. Elle se distingue également des scream queens de base à travers quatre films d’horreur, genre qui a toujours eu sur elle l’effet inverse à celui escompté...
Née sur les cendres des mouvements révolutionnaires de la fin des années 1960, en réaction aux transformations urbaines, technologiques et économiques de la société, la culture cyberpunk a vu la plupart de ses prévisions validées par le réel. Exploration en profondeur, témoignages d’artistes à l’appui, d’un mouvement mutant par essence, qui a irrigué la littérature, le cinéma, la BD, le jeu de rôle et le jeu vidéo, ce dernier domaine s’apprêtant à livrer un nouveau magnum opus du genre avec Cyberpunk 2077.
Ressorti dans les salles françaises le 14 octobre dernier, Assaut a inspiré des hordes de réalisateurs, parmi lesquels l’excellent Gareth Evans. L’auteur des The Raid et de la série Gangs of London revient pour nous sur le classique indémodable de John Carpenter, mais aussi sur quelques films d’action matriciels qui ont marqué sa vie de spectateur.
Dans son ouvrage Psychopathia sexualis (1886), le psychiatre Richard von Krafft-Ebing invente le terme « masochisme », en référence à l’oeuvre littéraire de Leopold von Sacher-Masoch, illustration éloquente d’une « pathologie sexuelle » de la catégorie des « névroses cérébrales ». La Vénus à la fourrure, Les Batteuses d’hommes,
La Hyène de la Puszta : tous les récits masochiens présentent des hommes soumis à des femmes chasseresses, fouetteuses. Célèbre et respecté en son temps, le romancier n’apprécia pas cette postérité clinique. Le cinéma a négligé ses histoires, mais pas le masochisme.
Qui dit « Bates » dit presque systématiquement « Norman Bates », le héros de la saga Psychose. Mais c’est aussi le nom de Ralph, comédien français par sa mère, qui apporte du sang frais au cinéma fantastique gothique anglais du début des années 1970. D’abord chez la Hammer, ensuite chez d’autres, presque toujours voué à incarner des méchants hautains, retors, intelligents, séduisants.
La littérature fantastico-horrifique précède naturellement le cinéma dans l’expression artistique de la peur et de ses innombrables vecteurs. Elle n’a jamais cessé d’alimenter les scénaristes, qui se sont nourris aussi bien de ses mythes immortels que de l’imaginaire d’artisans plus confidentiels, mais pas moins imaginatifs. De la page à l’écran, entre symbiose et trahison, s’opère un processus mystérieux que nous avons choisi d’explorer à travers une sélection de mémorables transpositions cinématographiques de fleurons de l’épouvante papier.
Un hors-série entier ne suffirait pas à traiter la totalité des films consacrés aux sectes, dont The Wicker Man est l’un des plus illustres représentants. Nous avons donc choisi d’éviter les classiques du genre ou les titres trop récents pour aller déterrer quelques pépites méconnues ou rarement évoquées. Bienvenue chez les dingues.
Ressortant simultanément en salles et en Blu-ray via Tamasa, sept films mettent en lumière la dernière période de la Hammer, la boîte de pointe du cinéma d’épouvante gothique à l’anglaise. Dans les années 1970, cette entreprise très familiale a livré d’étranges hybrides, qui peuvent receler de sacrées surprises.
Le parcours de Carlo Rambaldi est aussi singulier que spectaculaire. Celui d’un bricoleur qui passe son enfance à fabriquer ses jouets et qui se retrouve, un peu par hasard, sur des plateaux de cinéma en pénurie de profils comme le sien...
Quand on parle vampire au cinéma, les noms de Bela Lugosi et Christopher Lee viennent immédiatement à l’esprit. On compte pourtant bien d’autres comédiens qui ont planté leurs canines surdéveloppées dans le cou de victimes plus ou moins consentantes. Comme Robert Quarry qui, au début des années 70, croise les pas d’un certain comte Yorga.
Les sorties cet été d'Enragé de Derrick Borte (2020) et en septembre du Voyage de la peur d’Ida Lupino (1953) prouvent que les films de « tueur sur la route », pour reprendre le titre du terrifiant roman de James Ellroy, traversent les âges sans perdre de leur pouvoir de fascination. Derrière les messages de prévention de ce sous-genre punitif par excellence – tentez de sortir du droit chemin, et les enfers se déchaîneront – se cachent souvent des démons bien réels qui hantent les territoires arpentés par les bourreaux et leurs victimes.
Depuis maintenant plus de dix ans, la saga des Ip Man s’est imposée comme la locomotive du cinéma d’arts martiaux chinois et a définitivement consacré Donnie Yen au rang de superstar mondiale de l’action. Cette biographie en quatre volets couvre 40 ans d’Histoire à travers la vie d’un maître de wing chun resté longtemps dans l’ombre de Bruce Lee, son disciple le plus célèbre. Une saga qui synthétise à elle seule les évolutions qu’a connues le cinéma de Hong Kong.
Stuart Gordon nous a quittés le 24 mars 2020 à l’âge de 72 ans. Il laisse derrière lui une oeuvre unique, qui a marqué à jamais l’Histoire du cinéma fantastique. Pour lui rendre hommage, nous avons décidé de ressortir de nos archives un entretien inédit avec le maître, enregistré à l’occasion de Stuck (2007) et de la série Masters of Horror.
Le wu xia pian (littéralement « film de héros martial » en chinois, plus communément traduit par « film de sabre chinois ») ne s’est pas contenté d’honorer l’antique tradition du récit chevaleresque. Son influence a élevé les exigences artistiques et techniques des industries hongkongaise, chinoise et taïwanaise. Toujours aussi précurseur aujourd’hui, le genre se trouve cependant au coeur d’une bataille rhétorique décisive. La sortie en VOD de Shadow (en attendant sa future édition labellisée HK vidéo), le dernier wu xia pian de Zhang Yimou, impose une mise en perspective.
Grâce à lui, Chapeau melon et bottes de cuir est devenu une fiction innovante, en phase avec son temps, culte dès sa diffusion. Autodidacte à peine scolarisé, le scénariste Brian Clemens a marqué le fantastique britannique, aussi bien sur le petit écran que sur le grand, où il a notamment contribué à façonner la légende Hammer.
Les films de chasse à l’homme se suivent, se ressemblent, se reniflent le derrière et se battent entre eux comme si leur vie en dépendait. Ce genre métaphorique par excellence ne peut s’empêcher de susciter, même chez les tâcherons les moins inspirés, des commentaires éloquents sur les sociétés qui les inspirent.
La crise inédite que nous traversons a bien sûr été accompagnée de son lot de théories complotistes, désignant par exemple Bill Gates comme une sorte d’Antéchrist voulant implanter des puces microscopiques dans le corps des citoyens américains via d’éventuels vaccins. L’idée est suffisamment stupide pour avoir fait le tour du globe… pardon, de la Terre plate. Délires conspirationnistes mis à part, le Grand Confinement aura permis à de nombreux chefs d’État de multiplier les manoeuvres politiques, et les corporations ont augmenté leur capital de plusieurs dizaines de milliards sur le dos de leurs fidèles consommateurs. Cette ambiance délétère nous a inspiré un focus sur le cinéma de genre paranoïaque qui n’avait, étrangement, jamais fait l’objet d’un dossier dans les pages de Mad.
C’est terrible, mais il nous faut faire le deuil du cinéma de Hong Kong tel que nous avons appris à l’aimer dans les années 1990. Les productions de qualité issues de l’archipel se raréfient dangereusement au fil des ans… mais une alternative existe. Les catalogues de VOD cachent en leur sein des merveilles bourrines, novatrices, politiques, exaltantes, too much, et parfois tout en même temps. Leur point commun ? Leur pays d’origine. Cinéphiles en manque, l'Inde n’attend plus que vous.