Nous ne sommes pas égaux devant la compassion. Il en va de notre capacité à comprendre, à accepter et, bien sûr, à secourir. Steven Soderbergh et Marc Forster ne parlent pas d’une seule et même voix. C’est peu de le dire. Les deux films traitent pourtant d’un même sujet : une épidémie mondiale qui promet d’emporter l’Humanité et dont on finira par réchapper. Les moyens pour y parvenir diffèrent singulièrement. Heure après heure, la pandémie grandit démesurément. Bientôt, les gouvernements vacillent et le chaos social emporte les derniers idéaux. Chacun, par réflexe de survie, se recroqueville, plaidant pour un individualisme aveugle. Les victimes sont nombreuses. Elles sont, pour la plupart, anonymes. Quelques-unes ont partagé un instant le sort de nos héros. Leur mort finit toujours par provoquer une infinie tristesse chez l’un et, paradoxalement, une totale indifférence chez l’autre. En effet, au lieu de mourir, les voilà transformées en zombies agressifs et meurtriers. Le malade est dessaisi de son humanité. Il devient un nuisible, tout juste bon à être massacré. L’assistance à autrui n’a pas le même sens pour chacun. 

NÉ DU CHAOS

Quand tout semble accompli, Soderbergh ne nous abandonne pas sans éclaircissement. Il se doit d’expliquer le comment de tout ce désastre. En une séquence et sans une ligne de dialogue, il nous dévoile les origines du mal. Il lui suffira de quinze plans et d’une minute trente, le tout ponctué d’une musique sans mélodie de Cliff Martinez. Quinze plans que nous recevons comme autant de coups de poing au plexus. Cela commence par l’aurore, quand un bulldozer couche un palmier dont s’échappent une demi-douzaine de chauves-souris. Dérangées, elles c [...]