Posté 22 July 2007 - 02:05 AM
Fini! Achevé. Lu du premier au dernier mot, avec ferveur, car chaque mot lu me rapprochait de la fin de d'un livre qu'on souhaiterait lire toute ça vie. Et ça valait ô combien le coup.
Ci suit une critique sans Spoiler.
Quel travail ! Dès le troisième opus, il était évident que la saga du sorcier à la cicatrice bénéficiait d'une construction digne des accomplissements de Shakespeare, où un personnage, un dialogue ou un objet à priori anodin prennent plus tard -au sein même d'un livre ou dans un autre tome- une importance toute autre. Une figure de style connue sous le nom du "fusil de Chekhov" : si un fusil est accroché au dessus de la cheminée au début de la pièce, il aura servi avant que celle-ci ne s'achève. Et force est de reconnaitre que J.K Rowling à une maîtrise impressionante du procédé ! Pourtant la tâche était de taille : la lecture du sixème opus, qui était pourtant, à l'aune des livres précédents un livre d'une générosité confondante, laissait bien des questions en suspens, et on se doutait bien que bien d'autres éléments nous avaient échappé. Comment Rowling allait-elle pouvoir répondre à toutes ces questions en un seul livre, guère plus volumineux que les autres opus (il suffit de se rappeller de l'impressionante longueur de l'Ordre du Phénix, récement adapté au cinéma par Yates)? Récapitulons : la fin du Prince de sang-Mëlé nous laissait avec un Dumbledore foudroyé au terme d'une quète initiatique hautement symbolique dans une grotte ténébreuse, plus de doutes que jamais sur l'allégeance réelle de Snape (Rogue en VF), un Harry Potter plus heurté que jamais par la cruauté du sort avec sur les épaules une mission promettant son lot de souffrances supplémentaires.
Que de promesses à tenir! eh bien elles le sont toutes, et même d'autres qui n'avaient pas été formulées!
Rowling l'avait annoncé, cet opus serait plus sombre encore que les précédents,et dès les premières pages -et de plus en plus au fur et à mesure de la progression- on se rends compte que ce n'est pas un effet d'annonce comme on y a souvent droit dans le domaine du cinéma. Pour Harry le temps de l'innocence est bel est bien fini. Mort après mort, revers après revers, triomphes de Voldemort et de ses sbires plus nombreux à chaque chapitre se chargeront de le lui rappeller à maint reprises. L'enceinte de l'école, qui si elle recelait ses zones ô combien sombre (que de bêtes monstrueuses caché dans ses murs, et plus encore : que de ressentiments, de regrets et de lourds secrets parmi ses occupants!) était tout de même un cadre rassurant pour Harry. Mais elle n'est plus là pour le protéger, et du coup l'atmosphère de joyeuse scolarité, les farces les instants d'intimité que Rowling sait si bien écrire n'ont plus leur place dans Harry Potter and the Deathly Hallows. Les références aux nazisme de plus en plus prégantes à partie du cinquième opus sont plus nombreuses, plus pertinentes et plus glaçantes que jamais. J'en prends à témoin cette visite au Ministère qui m'a fait penser à rien moins que l'Armée des Ombres de Melville.
Puis dans une autre séquence on est catapulté dans une scène qui semble sortie tout droit du mythe Arthurien (les livres précédent en regorgaient déjà, il est vrai). Dans une autre, c'est Tolkien et sa distibution de présents dans la Lorien qui ressurgit (mais encore une fois les livres précédents sont pleins de moments à hautes résonnances mythologiques). Dans une autre ça devient carrément du Ninja Scroll !!
Et pourtant, malgré cette ambiance objectivement désepérée (ça avait été annoncé, un peu abusivement à mon sens dans un opus précédents, mais cette fois çi, c'est vraiment la guerre !) les personnages sont toujours attachants, aussi humains, aussi criants de vérité qu'auparavant - une marque de réussite artistique si il en est une : insufler de la Vie,et donc de la Vérité à des êtres et de évènements fictifs. Comme dit à la fin du livre : "Is this real, or is it just happening in my head?" "Of course it is happening in your head my boy! But why on earth should that mean that it is not real?"
Dans cet utime chapitre (ou pas ? je me surprends à souhaiter -je suis faible- que non) tous les personnages se retrouvent face à un choix,et pour certains une chance de rédemption. Certains qu'on ne croyait pas capables de changer brillent de mille feux (attendez de voir Kreacher, ou encore Neville, même si lui on sentait déjà qu'il allait péter du feu de dieu!). D'autres, qu'on pensait irréprochables sont révélés sous un nouveau jour. Et par dessus tout, Harry se retrouve avec un quête mysterieuse sur les bras, les Reliques de la Mort du titre, qui se révèlent par la suite comme une sorte de tentation du côté obscur pour notre jeune sorcier.
Précisons tout de même qu'on ne peut s'empêcher de ressentir une sorte de frustration devant la façon dont certaines lignes narratives sont bouclées, c'est à dire de façon abrupte. On pourrait aussi repprocher au "final de la fin" d'être quelque peux trop généreux en dialogues explicatifs, mais c'est peut être un critère trop cinématographique que je j'use à mauvais essient! Reste que tout est exécuté avec une rigueur irréprochable.
Et tout reproche qu'on puisse formuler est de toute façon balayé par le sens dramatique qui fait (comme d'habitude) se tourner les pages comme par magie, les personnages que leur confrontations à des évènements de plus en plus voir tragiques révèlera au pire, mais aussi au meileur d'eux même (comme d'habitude). Ajoutons à cela un appel à un procédé typique des grands récits de science fiction (récement : les sagas du grand Dan Simmons) ou de fantasy (le Seigneur des Anneaux évidement) : la bataille finale qui voit se réunir tous les héros, et tous les peuples contre un ennemi commun. Un principe narratif de base, qui quand il est bien exécuté est littéralement jubilatoire. Et j'aime autant vous dire que c'est le cas! Sans compter que les thématiques chère à Rowling, à savoir le libre-arbitre, et surtout la force transcendentale de l'amour sur le bien et surtout le mal nous prennent au tripes avec plus de force que jamais!
Résumons nous. Harry Potter ans the Deathly Hallows c'est : l'aboutissement d'une fabuleuse aventure, un univers vaste et riche, maîtrisé de bout en bout qui exploite à fonds sa complexité pour nous exploser au visage et surtout un maêlstrom d'émotions qui nous laisse doucement le quitter avec un sentiment doux-amer.
Comme toujours : la marque des plus grands. Et ici : la marque d'une très grande. Choispeau bas Professeur Rowling;