Inédit en salles, disparu des écrans radars pendant de nombreuses années, RÊVES SANGLANTS témoigne d’une époque où il était encore possible de faire des films qui ne soient pas corrompus par le post-modernisme et son encombrant lot de références et hommages. Roger Christian, décorateur sur LA GUERRE DES ÉTOILES et directeur artistique sur ALIEN, trottine pour la première fois dans le genre et livre un très étrange objet, labyrinthique et surréel, à redécouvrir au plus vite.
Connu des amateurs de giallos pour sa TARENTULE AU VENTRE NOIR, l’Italien Paolo Cavara a néanmoins débuté sa carrière dans la fiction avec un très curieux LA CIBLE DANS L’OEIL. La chose ne déchaîna guère l’enthousiasme, mais sous les jupes de ce film d’aventure sauvage à la saveur aigre se dissimule l’histoire d’un cinéaste qui s’est aventuré trop loin dans les marécages
du documentaire sensationnaliste.
Premier film d’horreur de l’Histoire du cinéma canadien, LES YEUX DE L’ENFER, plus connu sous son titre original THE MASK, mérite amplement son statut d’objet contre-nature. Porté à bout de bras par une bande de mercenaires, ce curieux essai horrifique, partiellement filmé en relief, utilise les ficelles du cinéma d’exploitation pour mieux expérimenter et occasionnellement débattre des dangers de l’addiction. Si ce n’est déjà fait : PUT THE MASK NOW !
Décédé d’une rupture d’anévrisme à l’âge de 37 ans, Rainer Werner Fassbinder a vécu aussi vite qu’il a filmé. Hantée par le spectre du nazisme et habitée par un amour inconditionnel des formes hollywoodiennes, son oeuvre, turbulente, excessive et tentaculaire ne comporte pourtant qu’un seul essai dans le genre SF : le visionnaire LE MONDE SUR LE FIL. Vingt-cinq ans avant MATRIX, ce téléfilm-fleuve de plus de trois heures décrivait avec un culot monstre les dérives d’un monde gangréné par un univers virtuel.
Indispensable thriller environnementaliste, PANIQUE est aussi l’un des rares films catastrophes québécois produits à ce jour. Ce premier pas dans le genre du très engagé Jean-Claude Lord n’a d’ailleurs rien à envier à ses homologues made in USA. Pollution mortelle, firme peu scrupuleuse, mutations et médias corrompus, PANIQUE scrute les liens incestueux entre industriels, politiques et journalistes, et n’hésite pas à dresser un pont entre film d’anticipation et cinéma militant.
Le plus singulier des films fantastiques des années 60 a failli disparaître à tout jamais. Son créateur, Leslie Stevens, n’imaginait pas à quel point l’échec pouvait être douloureux. Si son oeuvre met en scène un énième affrontement entre le Bien et le Mal, ce n’est que pour mieux toucher à l’universalité. Une erreur de calcul flagrante, surtout quand on sait que cette bande hors normes revendique l’influence d’Ingmar Bergman et déroule des dialogues déclamés en Espéranto.
Premier long-métrage en couleurs de l’Histoire du cinéma russe, LA FLEUR DE PIERRE attend depuis des décennies que Dame Reconnaissance frappe enfin à sa porte. Conte féérique à la beauté tétanisante, cette profonde réflexion sur la perfection artistique révèle toute l’étendue du talent de magicien du camarade Aleksandr Ptushko, qui anticipe les recherches visuelles de Mario Bava tout en prolongeant la magie Disney.
Inégalable, foutraque, ahurissant… Les qualificatifs ne manquent pas pour tenter de ceinturer l’authentiquement dingo THE WORLD’S GREATEST SINNER. Fable politique et sociale narrée par un serpent, la première réalisation de l’incontrôlable acteur Timothy Carey fusionne en toute décontraction religion, corruption et rock’n’roll. Plus de cinquante ans après sa mise en boîte,
l’objet continue de distiller un incontestable parfum d’étrangeté.
Qu’il est bon et nécessaire de tricher parfois. S’il faut bien reconnaître que le réalisateur Walerian Borowczyk avait déjà flirté avec le genre fantastique, notamment grâce à un mémorable sketch de ses CONTES IMMORAUX, il serait quand même bien dommage de se priver de cet outrageant DOCTEUR JEKYLL ET LES FEMMES. Variation osée du livre de Robert Louis Stevenson, cette
oeuvre frondeuse et atypique s’impose comme un parfait trait d’union entre film arty et pur produit d’exploitation.
Disons-le tout de suite, EQUINOX n’est pas un bon film. Pourtant, à force de maladresses, d’enthousiasme et surtout de passion, cette fantaisie lovecraftienne pour le moins fauchée diffuse un capital sympathie hors du commun. Aussi redevable à la revue FAMOUS MONSTERS OF FILMLAND qu’aux délirantes bestioles de Willis O’Brien et Ray Harryhausen, ce premier film de Dennis Muren, futur pilier d’ILM – la compagnie d’effets spéciaux de George Lucas – illustre à merveille une passation de témoin réussie entre plusieurs générations.
Prisé par les amateurs de film noir comme par les férus d’étrangeté, LE CHARLATAN (NIGHTMARE ALLEY) fait figure de vilain petit canard au sein du catalogue de la prestigieuse 20th Century Fox. Il n’empêche que ce fascinant portrait d’un imposteur rongé par la culpabilité s’affiche clairement comme le digne héritier du cinéma de Tod Browning. Entrez admirer cet inclassable et admirable numéro de foire mis en scène par le sous-estimé Edmund Goulding.
Relativement peu connu, évoluant sous les ondes radars depuis des décennies, WHO KILLED TEDDY BEAR marque un tournant radical dans la carrière de Sal Mineo. Partenaire de James Dean dans LA FUREUR DE VIVRE, le jeune acteur au visage d’ange brisait définitivement son image avec ce thriller psychosexuel qui mit les censeurs en émoi.
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que la Chine Continentale livre son premier film d’horreur parlant. En 1937, LE CHANT DE MINUIT convoquait le meilleur de la Universal et de l’expressionnisme allemand pour une relecture politico-horrifique du classique de la littérature de Gaston Leroux, LE FANTÔME DE L’OPÉRA. Une expérience unique qui, au-delà de son cadre
exotique, témoigne de la vivacité d’un cinéma qui reste encore aujourd’hui à redécouvrir.
Il était une fois un film de science-fiction anglais, étrange et oublié, nommé UNEARTHLY STRANGER. Marquant les premiers pas de l’inconnu John Krish dans le genre, il évoluait dans un paysage dangereux où de singulières créatures jetaient des filets pour attraper, trier et ranger tous les films passant à leur portée. Mais UNEARTHLY STRANGER était si petit, si insignifiant qu’il passait sans le vouloir, mais avec agilité, entre les mailles du filet. Jusqu’au jour où…
S’il est avant tout le premier film d’horreur moderne engendré par le cinéma australien, NIGHT OF FEAR de Terry Bourke n’en demeure pas moins le présage du désormais « reconnu » MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE. Voici donc l’histoire fragmentaire, chaotique et forcément incomplète de ce très curieux objet, aujourd’hui complètement oublié, mais dont la moindre des qualités est d’anticiper de deux ans les horreurs texanes de Tobe Hooper.
Lorsqu’il réalise en 1974 l’improbable LA REINE DU MAL, rien ne laisse présager qu’Oliver Stone deviendra par la suite l’un des réalisateurs les plus côtés de Hollywood. Aussi maladroit que touchant, ce galop d’essai à l’allure de mauvais rêve se paye même le luxe de réunir une étoile de la Hammer, Martine Beswick, et une star de la Factory d’Andy Warhol. Une rencontre qui définit parfaitement un film partagé entre genre et délire arty sous substances illicites.
Disons-le d’emblée, THE FLESH AND BLOOD SHOW ne restera pas dans les annales du film d’horreur. Pourtant cet ancêtre du slasher mérite largement que l’on s’attarde sur son étrange condition de sang-mêlé, puisque l’objet prolonge la tradition « so british » des thrillers en huis clos à la Agatha Christie tout en jouant sur les codes du film sexy. Peut-être trop pour une seule péloche…
Revisiter la filmographie d’un cinéaste aussi reconnu qu’Ingmar Bergman peut laisser perplexe. Pourtant, l’hasardeuse aventure réserve quelques étonnantes surprises. Témoin, cette indispensable HEURE DU LOUP, premier et unique film d’horreur du metteur en scène suédois. Un essai anxiogène parfaitement transformé dont il faudra bien mesurer un jour toute l’importance.
Passé à la postérité avec LA COURSE À LA MORT DE L’AN 2000, Paul Bartel n’aura jamais cessé en plus de 30 ans de carrière de jouer les trublions à Hollywood, navigant entre le cinéma d’exploitation et celui dit « d’auteur ». Avec PRIVATE PARTS, il brouille les pistes en abolissant les frontières entre les genres.