Revenons quelques jours en arrière. Installé sur place pour les besoins du documentaire Le Complexe de Frankenstein, je peux ressentir, sans toutefois l’expliquer, l’excitation qui anime l’équipe depuis le début de la semaine. « Les images devraient arriver demain » me lance un matin Phil Tippett, un sourire satisfait au coin des lèvres. Quelles images, au juste ? « Tu n’es pas au courant ? Viens, je vais te montrer quelque chose. » À l’autre bout du studio, une armoire fermée à double tour révèle ses secrets. L’ensemble du jeu d’échecs de La Guerre des étoiles repose à l’intérieur… en fait des copies récentes réalisées avec une fidélité maniaque par l’équipe de Tippett, et notamment sa fille. Une visite des archives de Lucasfilm aura permis de mesurer la plupart des modèles originaux, les informations manquantes étant piochées dans une large collection d’archives photographiques. Pour l’anecdote, la chevelure d’une créature d’origine avait été simulée grâce aux poils de barbe autrefois roux de Phil Tippett. Des cheveux de sa fille seront donc greffés à la nouvelle version ! « Tu comprends ce que ça veut dire ? Nous allons animer ces figurines pour le nouveau Star Wars » lance soudain Tippett avec son flegme habituel, avant de refermer brusquement l’armoire, non sans un sourire légèrement sadique. Les images dont il parlait sont donc issues du Réveil de la force, et elles nous seront projetées le lendemain, lors d’un Conference Call en comité restreint avec l’équipe d’Industrial Light & Magic. 

L’OBJET DU DÉLIT 

Le fameux extrait est envoyé par ILM dans les temps, et il s’avère étonnamment court. Inspirée par une remarque de John Knoll durant le tournage, la séquence voit Finn (John Boyega) s’appuyer sur le jeu d’échecs du Faucon Millenium et l’activer par accident, puis tenter de l’éteindre pour pouvoir entendre les remarques de Han Solo. On aperçoit également Chewbacca, parti se reposer à l’autre bout du vaisseau, ainsi qu’un BB-8 100 % animatronique, réagissant en temps réel à l’activation de l’hologramme. En tout et pour tout, un seul plan semble devoir inclure de la stop motion, et Phil s’inqu [...]