Y a un truc ! Olivier Afonso
C’est quoi, pour toi, une bonne couleur de sang pour le cinéma ?
Le sang, chez nous, on préfère l’acheter chez des fournisseurs, à cause d’histoires d’allergies. En revanche, il faut mélanger les différents types de faux sang. J’ai essayé ça sur plusieurs projets. J’aime bien avoir un sang assez clair, assez transparent et assez rouge, que je vais mélanger plus tard avec un sang un peu plus sombre. Ça donne des nuances assez jolies. Quand on doit mettre du sang sur un visage, ajouter un peu d’eau donne une direction. J’aime jouer sur la profondeur, sur différents niveaux. Comme des strates.
Certains cinéastes, notamment dans les années 1970, voyaient déjà la couleur du sang comme une intention esthétique, voire thématique.
Carrément ! Le sang raconte plein de trucs ! Et on a tous une histoire par rapport au sang. Quand on était gamins, on s’est tous coupés, blessés, etc. Certaines personnes voient le sang plus rouge, d’autres plus sombre. Il y a aussi des théories assez drôles : certaines personnes sont persuadées que le sang est plus foncé au niveau de la tête, par exemple. Chacun a sa vision. Personnellement, j’aime jouer avec les nuances, comme sur une palette d’aquarelles. C’est un peu triste, un sang trop opaque. Après, tout dépend du ton de l’histoire. Je prépare actuellement un film en tant que réalisateur, et c’est une question que je me pose. Je veux faire un film très coloré, donc mon sang sera sans doute très rouge, bien flashy. De plus en plus, sur les films, on nous demande de foncer le sang. On pense que si le sang devient noir, le public ne le verra plus comme du sang. Dernièrement, on a travaillé sur Leatherface (d’Alexandre Bustillo et Julien Maury – NDLR) et on nous a demandé des versions différentes. On s’est rendu compte que pour l’Allemagne, le sang devait ressembler le moins possible à du vrai sang. Les producteurs assument de moins en moins à cause de ça. Les Américains n’ont pas forcément un problème avec le sang : ils ont un problème avec sa couleur. Il suffit de voir le final du premier Kill Bill, qui a été passé en noir et blanc pour des questions de censure. Donc, pour revenir à la question d’origine, nous ne créons pas notre faux sang nous-mêmes. On a déjà rencontré des acteurs qui avaient une [...]
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