Les Huit salopards a failli se tourner il y a deux ans, puis a été annulé car le script était apparu sur la Toile. Aviez-vous eu le temps de discuter du projet avec Tarantino à l’époque ? 

Non, le script a été piraté si vite que personne n’a eu l’opportunité de se pencher dessus d’un point de vue professionnel. Seul l’entourage direct de Quentin l’avait lu. 

Quand avez-vous commencé à travailler sur le projet ? 

En octobre 2014. Je bossais sur The Walking Dead et Quentin m’a dit qu’il voulait me parler du film. J’ai emmené Jake Garber à la réunion, car je savais qu’il allait être l’un des principaux maquilleurs sur le film. Je voulais qu’il soit impliqué au maximum à toutes les étapes. Avec Quentin, nous avons passé en revue l’ensemble des effets et la liste était longue. Quentin a une connaissance encyclopédique du cinéma, et nous avons des références communes. Il pouvait me mentionner des films précis qu’il voulait utiliser comme référence, c’était facile. Nous avons commencé par discuter du look de Samuel L. Jackson. Pour Quentin, ça devait être Lee Van Cleef dans Le Bon, la brute et le truand. Il fallait la moustache, le crâne dégarni… Nous avons réalisé une quinzaine d’arts conceptuels pour le personnage. Quentin me connaît depuis longtemps, et il me confie donc des choses qui ne rentrent pas forcément dans le domaine des maquillages spéciaux. Il sait que je vais comprendre ce qu’il veut. C’est une relation privilégiée. 

Cela fait 25 ans maintenant que vous travaillez ensemble. 

Oui ! Ça fait longtemps. Ce niveau de confiance, ça se construit sur la durée. Enfin bref, nous avons commencé par concevoir le look de Sam Jackson. Puis nous avons parlé du dernier chapitre du script, que personne n’avait encore lu. Et c’est dans ce chapitre qu’il y avait la majorité des gags horrifiques. Il m’a parlé du look de Jennifer Jason Leigh, de sa mort, de son pied explosé, du bras coupé de Kurt Russell, de la tête du Mexicain qui éclate… Nous avons fait venir Kurt, avons pris une empreinte de son bras mais aussi de son visage et de ses dents, car nous devions créer un système de vomi pour la scène du poison. Nous avons fait venir Jennifer, nous avons réalisé deux empreintes de sa tête, et nous avons scanné son corps en entier. 

C’&eacut [...]