On le sait, Ridley Scott envisagea longtemps de réaliser lui-même la suite de Blade Runner, mais ne parvint à obtenir le feu vert des différents studios que durant la préproduction d’Alien : Covenant. De peur que le vent tourne rapidement, il décide de confier le projet à Denis Villeneuve, auteur de Sicario mais surtout d’Enemy, sur lequel planait lourdement l’ombre de Blade Runner. Ce passage de flambeau est moins anecdotique qu’il n’y paraît d’un point de vue strictement technique. En effet, Ridley Scott a choisi d’évoluer avec son temps, et d’exploiter l’outil numérique de façon toujours plus ostentatoire, comme en attestent Prometheus et Covenant. Villeneuve, lui, a toujours abordé les effets visuels de façon détournée, intégrant les manipulations de Sicario, Enemy et Premier contact dans des cadres essentiellement réels. Si l’on peut donc supposer que sous la direction de Scott, Blade Runner 2049 aurait opté pour une avalanche d’images de synthèse, l’arrivée de Villeneuve sur le projet aura sans doute été le garant de techniques plus traditionnelles.


OLD SCHOOL, OU PRESQUE
Les admirateurs comme les détracteurs du Blade Runner original s’accordent au moins sur une chose : les miniatures de Douglas Trumbull, Richard Yuricich et David Dryer ont donné naissance au monde dystopique le plus original et le plus crédible de l’Histoire du cinéma de SF. Seul problème : 35 ans plus tard, la plupart des studios spécialisés dans les maquettes ont mis la clef sous la porte, sous la pression toujours plus forte des images de synthèse. Seules quelques maisons tiennent encore debout : New Deal Studio d’une part, connue pour les effets miniatures des films de Christopher Nolan, et bien sûr Weta Workshop, dont les « bigatures » ont été mises à l’honneur dans Le Seigneur des Anneaux, King Kong ou la nouvelle (et excellente) série Thunderbirds – les sentinelles de l’air. Blade Runner 2049 regorgeant de plans urbains futuristes, Villeneuve et Scott décident de [...]