Lors d’une conversation nocturne, six lycéens reçoivent un message sur Skype envoyé par Laura Barns, une camarade de classe décédée après avoir été la risée de l’école à cause d’une vidéo embarrassante. Si le groupe croit d’abord à une mauvaise plaisanterie, la natureaussi intime que vindicative de ces attaques virtuelles laissepenser que l’esprit de la défunte souhaite faire payer à ses bourreaux le prix de leur trahison… Si certains projets du producteur Jason Blum comme Sinister, American Nightmare, Stretch ou Lazarus Effect n’hésitent pas à donner la vedette à des personnages d’adultes campés par des acteurs confirmés, de nombreux titres issus de l’écurie Blumhouse Pictures restent rivés aux intrigues adolescentes, comme le démontrent des oeuvres ouvertement « djeun’s » telles que Ouija, Area 51 et le remake de The Town That Dreaded Sundown. Avec Unfriended (ex Cybernatural), Blum et le Russe Timur Bekmambetov (Wanted) poussent la formule à son paroxysme en modernisant une trame de slasher lambda par le biais d’un gimmick high-tech tout ce qu’il y a de plus contemporain, l’action de ce nouveau micro-budget se déroulant intégralement sur un écran d’ordinateur. Un parti pris certes déjà vu (Open Windows récemment), mais traité ici de manière assez rigoureuse pour retranscrire l’univers d’une génération « selfie » dopée au multitasking et aux réseaux sociaux. Oubliez les systèmes d’exploitation et les exécutables factices qui pullulent d’habitude au cinéma, Unfriended privilégie le réalisme informatique à tout prix, méthode qui permet au scénario de gagner en crédibilité lorsque ses protagonistes se lancent dans des saillies verbales au moyen d’applications/sites immédiatement identifiables (iMessage, Facebook, Skype, Google…). De fait, les multiples assauts opérés par le spectre vengeur (mails menaçants, pièces jointes embarrassantes, spyware) fonctionnent du tonnerre, d’autant qu’ils surfent allègrement sur les peurs – légitimes – engendrées par l’omniprésence du numérique dans notre vie quotidienne. Tromperies, insultes ou harcèlement moral : tous les vices honteux d’une clique de potes dopés au Web se retrouvent étalés sur les diverses fenêtres ornant le MacBook de l’héroïne. Et ce, pour le plus grand plaisir d’un spectateur devenu le témoin d’un violent règlement de comptes au sein duquel chaque participant à quelque chose à se reprocher, y compris la pauvre Laura. Le genre de traitement frontal qui ne sera pas du goût de tout le monde, alors que c’est pourtant ce qui contribue à étoffer suffisamment les lycéens d’Unfriended pour que leurs états d’âme apportent du poids au récit. Reste que toute médaille a son revers, et si le second long-métrage de Levan Gabriadze (Lucky Trouble) parvient à retranscrire les vicissitudes de la condition adolescente, le recours au procédé casse-gueule du found footage risque de prendre un sacré coup de vieux dans les années (mois ?) à venir, ce qui ne fera que confirmer l’aura éphémère d’une prod’ avant tout destinée à caresser le public des multiplexes dans le sens du poil. Autre écueil : si le modèle intradiégétique en vogue depuis les cartons de [Rec] et de Paranormal Activity amplifie l’intensité des passages dialogués, on regrettera que la plupart des séquences gore se montrent assez décevantes, les impératifs de la caméra subjective n’étant pas favorables aux mises à mort spectaculaires du type Vendredi 13. Nouvelle preuve, s’il en faut, que le genre horrifique a du mal à s’épanouir dans le carcan étriqué du found footage, à tel point que les auteurs d’Unfriended choisissent logi [...]