Toute première fois N°319

Magic

L’illusionniste et le pantin. Le ventriloque et sa poupée. L’homme et son double. Un sujet mille fois rabâché. Pourtant, avec Magic, tiré du roman de William Goldman, Richard Attenborough réussit avec brio un effrayant tour de passe-passe qui continue de diviser ses partisans et détracteurs. Trop mélo pour les uns, pas assez fantastique pour les autres – et vice versa –, ce quatrième film du réalisateur et acteur britannique ne s’apprivoise pas aussi facilement qu’on pourrait le croire. « Nous, c’est toi ! » Une histoire d’amour et de mort qui révéla au passage l’immense talent d’Anthony Hopkins.

Angles de visibilité, importance du boniment, pouvoir de suggestion et dextérité : le cinéma, c’est de la magie. Et la magie, c’est avant tout l’art de détourner l’attention. Faire regarder ailleurs au bon moment, voilà le secret. Personne ne semblait reconnaître le génie qui animait les mains de Corky. Alors l’illusionniste s’est inventé Fats, une marionnette qu’il fait parler au moment de ses tours de cartes. Avec son parler gras et ses blagues salaces, Fats détend l’atmosphère et libère Corky de sa timidité, de son trac. Corky le magicien et Fats le trouble-tours, inséparables à la ville comme sur scène. Les applaudissements se multiplient, les offres d’engagement aussi, et c’est là que les ennuis commencent. Enfin, façon de parler, puisque, Magic, dixième roman de William Goldman, se taille un joli succès dans les librairies US en cette année 1976. L’écrivain n’en est pas à son premier coup d’essai. Deux ans auparavant, Goldman touchait le jackpot en écrivant Marathon Man et doublait la mise en adaptant son roman pour le grand écran. Magic concrétise tous les espoirs et attentes misés sur la tête du bonhomme. Le premier à parier sur ce cheval de course fut le légendaire producteur Joseph E. Levine, capable de vous produire Le Mépris (1963) aussi bien que On l’appelle Trinita (1970). Officiellement, sa filmographie compte une centaine de titres. Pourtant, au moment de sa mort en juillet 1987, à l’âge de 82 ans, Joseph E. Levine avait produit et/ou distribué la bagatelle de 497 films. En 1955, Levine acquit les droits du Godzilla d’Ishirô Honda, en modifia le montage et occidentalisa le récit grâce à des plans additionnels tournés par Terry O. Morse. Bidouillages et stratégie de vente. À la fin des années 50, il fut l’un des premiers producteurs à mettre au point des campagnes publicitaires ultra « agressives » pour promouvoir ses films, en inondant le marché d’affiches, de bandes-annonces, de photos, de bandes dessinées et autres spots TV et radio. Aujourd’hui, la pratique est courante. Mais Magic impose décidément le respect. D’autant qu’une fois de plus, William Goldman s’occupe lui-même de l’adaptation de son roman. L’écrivain jubile à l’idée de voir Jack Nicholson dans le rôle de Corky et trépigne d’impatience à l’idée d’observer Norman Jewison au travail derrière sa caméra. Le réalisateur canadien enchaînait alors les hits en toute décontraction : Le Kid de Cincinnati (1965), Dans la chaleur de la nuit (1967), L’Affaire Thomas Crown (1968) et surtout Rollerball (1975). Quant à Jack Nichols [...]

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