Toute première fois N°318
Even the Wind Is Afraid
Il n’y a pas à dire, le catcheur mexicain El Santo a, bien malgré lui, dissimulé de son imposante stature tout un pan du cinéma fantastique mexicain. Durant des décennies, l’auguste figure masquée d’argent a capté et retenu toutes les attentions grâce à une improbable série de films aussi délirants que démentiels. Rodolfo Guzman Huerta (son vrai nom) fut élevé au rang de héros populaire en même temps qu’El Santo, catcheur à la ville comme à l’écran, distribuait des bourre-pifs et protégeait la veuve et l’orphelin. De temps à autre, le lutteur recevait l’aide d’un ou plusieurs collègues de ring (Blue Demon et Mil Máscaras pour les plus réguliers), histoire de pimenter le combat des forces du Bien face aux armadas de sorcières, de vampires, de zombies, de loups-garous, de savants fous, de nazis et autres créatures diaboliques qui déferlaient sur le Mexique. Ainsi, c’était donc ça le cinéma fantastique mexicain. Des films plus ou moins fauchés, plus ou moins réussis, dans lesquels une bande d’encagoulés rétablissait justice et ordre à coups de manchettes bien senties. Des scénarios foldingues et une ambiance bande dessinée qui débouchaient sur un énorme capital sympathie. Mais les statues meurent aussi… Façon de parler. D’un strict point de vue cinéphile, il allait falloir attendre encore quelques années avant que le passionné ne découvre un autre versant, beaucoup plus sombre, du fantastique local. Car parallèlement à cet engouement pour les films de lucha libre se développait la grande vague du gothique mexicain.
CERISE SUR LA JUGULAIRE
En 1957, la même année que Frankenstein s’est échappé ! et un an avant Dracula, tous deux produits par le studio anglais Hammer Film et réalisés par Terence Fisher, Fernando Méndez dirigeait l’étonnant Les Proies du vampire qui relançait à lui seul une économie moribonde et prouvait que l’industrie du cinéma mexicain pouvait tenir tête à l’hégémonie nord-américaine. S’il ne fait aucun doute que Méndez et son producteur Abel Salazar se sont ouvertement inspirés du Dracula (1931) de Tod Browning, qui connut d’ailleurs un phénoménal succès au Mexique, leur approche typiquement latine n’avait jusqu’alors aucun équivalent. Hacienda lugubre, étrange forêt pétrifiée, impeccable photographie tout en clair-obscur, atmosphère mortifère et un vampire qui tenait plus de l’animal tyrannique et du propriétaire terrien que de l’irrésistible séducteur aux canines affûtées… Cerise sur la jugulaire : un meurtre d’enfant proprement stupéfiant pour l’époque. Bref, une suite plus tard – nommée très justement Le Retour du vampire (1958) –, le cycle &eacut [...]
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