L’avantage du petit écran est qu’il rend supportable ce qui le serait à peine sur le grand. Plus de 35 ans après sa réalisation, The Killing of America est enfin disponible sur support domestique dans sa version intégrale grâce à l’éditeur américain Severin Films. N’allez d’ailleurs pas croire que c’est une première. De VHS tronquées en copies pirates à la duplication douteuse, le film de Leonard Schrader et Sheldon Renan n’a jamais vraiment quitté le devant de la scène. Mais grâce à cette dernière édition, on peut enfin mesurer l’impact qu’aurait aujourd’hui la chose sur une toile blanche. The Killing of America s’inscrit donc dans la veine des mondo movies popularisés au début des années 60 par le mètre étalon du genre : Mondo Cane de Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi. Exotisme, moeurs sexuelles « déviantes » et actes violents allant du passage à tabac à l’exécution capitale. Autant d’images sensationnalistes assemblées autour d’un thème le plus souvent racoleur. Sang, sexe et mort unis au sein de pseudo documentaires laissant la part belle à l’ethnocentrisme. De film en film, les réalisateurs mondo sont passés maîtres dans la falsification de document. À une scène authentique succède une bidouille plus ou moins grossière. Les deux mis bout à bout brouillent un peu plus la frontière entre réalité et fiction. De tous les genres, le mondo est celui qui s’impose comme le plus remarquable des coureurs de fond. À la première vague exotique des années 60 et 70 succéda celle des productions centrées autour des mises à mort. Terminado la rigolada ! Des animaux et des hommes zigouillés face caméra. Des passages de vie à trépas soi-disant pris sur le vif. Emblème de cette nouvelle génération, le fameux Face à la mort (1978) n’hésitait pas à montrer une séquence d’exécution capitale « reconstituée » afin d’informer, de la manière la plus honnête qui soit, le spectateur. Le film de John Alan Schwartz, immense succès qui rapporta à son auteur plus de 35 millions de dollars, jouait déjà sur ce procédé de l’accumulation de l’horrible tout en omettant, bien sûr, de préciser quelles scènes avaient été recréées pour l’occasion. Et si Leonard Schrader et Sheldon Renan, les deux têtes pensantes derrière The Killing of America, ont repris la même m&eacut [...]