Toute première fois N°314

Pour son premier film, Francis Girod porte à l’écran un fait divers aussi sordide qu’authentique et brosse le portrait d’une France cupide qui se remet à peine de la Première Guerre mondiale. Aussi sulfureux qu’un bain d’acide, aussi burlesque que scabreux, Le Trio infernal fracasse les poncifs du cinéma français du milieu des années 70 tout en giflant en pleine face armée, église, bourgeoisie et politique. Suicidaire et salutaire !
Array

Il faut le voir pour le croire. D’un côté, l’extravagant monsieur Michel Piccoli dans le rôle de Georges Sarret, un avocat beau-parleur rapace et lubrique. De l’autre, la très en beauté Romy Schneider dans la peau de Philomène Schmidt, une Prussienne qui désespère de pouvoir rester en France. Au centre, Mascha Gonska alias Catherine, la soeur de Philomène qui, de fil en arnaque à l’assurance vie, se glisse dans le lit du magistrat et de l’ex-gouvernante. À eux trois, ils forment ce Trio infernal qui fit couler tant d’encre au milieu des années 70, au point de déclencher une levée de boucliers à l’encontre du film. Il faut dire que Piccoli et Schneider semblaient avoir pris un abonnement durable chez le cinéaste Claude Sautet qui, quoi qu’on en dise, s’était fait une spécialité de décrire sans ironie les peines de coeur et d’argent de la bourgeoisie française. Le public compatissait, la critique comprenait, mais le duo d’acteurs cherchait visiblement d’autres frissons. Il faut dire aussi que pour la France entière, Romy Schneider demeure l’inoubliable héroïne de la série Sissi impératrice qui tourne en boucle sur les petites lucarnes de France et d’Allemagne. Un beau roman, une belle histoire qui s’étirent sur trois films colorés et un personnage modèle pour midinettes, midinets et ménagères de plus de 50 ans. Pour Romy Schneider, le poids de la saga est difficile à porter, même si la trilogie lui a apporté reconnaissance et gloire. Lorsqu’il rencontre pour la première fois l’actrice, Francis Girod est dans ses petits souliers. C’est son tout premier film et il doit convaincre une actrice hésitante qui a déjà 44 quatre films au compteur et une renommée dépassant largement les frontières de l’Europe. Quand elle s’interroge sur la dureté du film et l’impact d’un tel sujet sur son image, Girod lui lance que Le Trio infernal n’est rien d’autre que le suicide de Sissi ! « Alors je le fais » répond la comédienne.


BUFFALO BILL
Pour Michel Piccoli, la question de son engagement ne se pose même pas. Le trio infernal n’est que la suite logique d’une carrière authentiquement démente. L’acteur s’est frotté à des réalisateurs aussi différents qu’Alain Resnais, Jacques Demy, René Clément, Mario Bava, Alfred Hitchcock, Claude Chabrol ou encore Yves Boisset. Il a interprété le Marquis de Sade pour Luis Buñuel dans La Voie lactée (1969) et il a été un étonnant Buffalo Bill dans le western anachronique Touche pas la femme blan [...]

Il vous reste 70 % de l'article à lire

Ce contenu éditorial est réservé aux abonnés MADMOVIES. Si vous n'êtes pas connecté, merci de cliquer sur le bouton ci-dessous et accéder à votre espace dédié.

Découvrir nos offres d'abonnement

Ajout d'un commentaire

Connexion à votre compte

Connexion à votre compte