Toute première fois N°312

Carnage

Les voies de la distribution sont pour le moins impénétrables. Contre toute attente, Carnage, petit slasher du début des années 80, refait surface sur le grand écran à peine quelques mois après sa sortie en Blu-ray. Une belle occasion de revenir sur la production qui marqua les débuts des tumultueux frères Weinstein. S’il n’est ni le plus original, ni le meilleur du genre, le film de Tony Maylam en demeure l’un de ses échantillons les plus soignés. Souvenirs, souvenirs…
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C’est un beau roman, c’est une belle histoire. Enfin, pas tant que ça en fait. Le 5 septembre 2017, suite à une enquête accablante du New York Times qui révélait de multiples cas de harcèlement sexuel, Harvey Weinstein s’effondrait et décidait de se mettre en « congé » jusqu’à nouvel ordre. Triste affaire. Avec son frère Bob, Harvey a créé Miramax Films puis Dimension Films, se spécialisant dans la distribution de films européens et la fabrication de produits indépendants. Reservoir Dogs (1992), Pulp Fiction (1994), Will Hunting (1997), Shakespeare in Love (1999), Le Patient anglais (1996)… Hollywood dut vite composer avec la fratrie. En un rien de temps, les deux frangins se sont hissés au niveau des plus grands studios tout en se coltinant une épouvantable réputation de tueurs de films. Que le réalisateur dispose du final cut ou pas importe peu. Sur la base de projections-tests, Harvey, très justement surnommé « Harvey aux doigts d’argent », impose son point de vue et tranche dans le lard comme un bourrin. Si le metteur en scène résiste, on le menace jusqu’à ce qu’il cède. S’il émet une quelconque remarque sur les choix des coupes, on lui promet une distribution directe sur les étagères des vidéoclubs sans passer par la case grand écran. Les manières sont brusques et le langage ordurier. La plupart des jeunots flanchent sous la pression. Même un vieux briscard comme Bernardo Bertolucci plie devant la tornade Weinstein. Résultat : le grand auteur européen, réputé pour son intransigeance, ampute son Little Buddha (1993) de 18 minutes. Bon, si on peut reprocher aux deux frères tyranniques d’avoir étouffé le Martin Scorsese de Gangs of New York (2002), sur ce coup-là, on ne peut pas trop leur en vouloir. Toujours est-il que les films d’auteur des Weinstein sont en général vendus comme de grosses productions grâce à une publicité tapageuse digne d’un film d’exploitation. Qu’importe les moyens pourvu que les oeuvres atterrissent dans ces multiplexes de banlieue si profitables. Et si l’on désosse pièce après pièce cette impressionnante machine de guerre bâtie par Harvey et Bob, il ne fait aucun doute que leurs méthodes n’ont guère évolué depuis leurs débuts.


CONCERTO POUR UN CARNAGE
Pour ça, il faut remonter à la fin des années 70, alors que Harvey et Bob Weinstein gagnent leur vie en tant qu’organisateurs de concerts. Leur camp de base se situe à Buffalo, dans l’ouest de l’état de New York, près des chutes du Ni [...]

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