Toute première fois N°307

La Boîte à chat

Disons-le d’emblée, La Boîte à chat n’est pas un bon film. Pourtant, ce mélodrame traité à la manière d’un thriller psychosexuel surprend encore 50 ans après sa réalisation. Atmosphère trouble et poisseuse et sujet d’actualité brûlant. D’un côté, le réalisateur vétéran Mark Robson renoue avec une certaine forme d’horreur ; de l’autre, le jeune scénariste Larry Cohen, dont ce sont ici les premiers pas, crée la panique en spéculant deux heures durant sur la mort d’un nouveau-né. Un film monstre et mutant illustrant la décadence hollywoodienne de la fin des années 60.
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Hollywood, quelque part à la fin des années 60. La fin des chimères et le début des illusions. En 1969, Henry Hathaway fixe la fin d’un géant avec le métastasé 100 dollars pour un shérif. John « The Duke » Wayne n’est plus qu’une ombre du passé. L’année précédente, Le Lauréat, dans lequel le jeunot Dustin Hoffman culbute la quadra Anne Bancroft en toute décontraction, crée le scandale. Pour une fois, il est question de sexe sans amour. Pourtant, l’exceptionnel succès commercial du film de Mike Nichols peine à colmater les brèches. En 1969, MGM accuse un déficit de 35 millions de dollars, et celui de la 20th Century Fox se monte à 21 millions. La crise galopante incite à la fuite en avant et les majors découvrent un autre marché, celui des jeunes qui remplissent quotidiennement les caisses des indépendants. Une manne, une aubaine, un filon. Coincé dans sa bulle, le vieil Hollywood tente de se mettre à la page afin d’attirer ce nouveau public. Piti piti piti ! D’abord avec la couleur. Les minots viennent s’y coller comme des papillons de nuit sur l’ampoule d’un réverbère. En 1968, les grands studios ne produisent plus aucun film en noir et blanc. Ensuite les salles : c’est à cette époque que l’on commence à bâtir des cinémas dans les grandes surfaces, histoire de ratisser les jeunes banlieusards. Enfin, des thèmes et des sujets en prise avec leur temps et dans lesquels on injecte une bonne dose de névrose et de sexe. De préférence déviant. La Boîte à chat illustre à merveille cette période où classicisme et modernité s’emmêlent souvent pour le pire, et rarement pour le meilleur. D’un côté, une courbe ascendante – celle du jeune scénariste Larry Cohen. De l’autre, une courbe descendante, celle du réalisateur vétéran Mark Robson. Deux trajectoires dont le point d’intersection se situe en 1968, une année où l’on accorde encore le pouvoir aux fleurs.


SOMBRE HISTOIRE D’AVORTEMENT

Au départ, il y a donc ce scénario écrit par Larry Cohen avec Lorenzo Semple Jr. Une sombre histoire d’avortement, de bébé kidnappé et de petit copain psychopathe. Ce pourrait être un mélodrame, mais le traitement porte le script vers le thriller névrotique façon coupe au carré avec deux couettes sur le côté. Critique sociale et humour noir. De temps à autre, Cohen tire sur l’une, sur l’autre, sur les deux à la fois. C’est efficace, piquant et résolument dans l’air du temps. Guère étonnant quand on sait que le bonhomme s’est fait la plume sur une tripotée de séries télé, entres autres Le FugitifLe ProscritLes Accusés et, surtout, Les Envahisseurs, qu’il crée et dont il écrit pas moins de 43 épisodes. Et cela sans compter la ribambelle de pilotes et de projets ab [...]

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