Toute première fois N°306
The Town That Dreaded Sundown
Texarkana au lendemain de la guerre. Une ville située à la frontière du Texas et l’Arkansas, une situation géographique très particulière : la caserne des pompiers se trouve dans un État, le commissariat dans l’autre. De février à mai 1946, un tueur masqué sème la terreur dans la bourgade en commettant cinq attaques, presque toutes meurtrières. Au total, cinq morts et trois blessés. Aujourd’hui, le fait divers ne tiendrait pas plus d’une semaine à la une, mais à l’époque, c’est une vague de trouille monstre qui s’abat sur Texarkana. La presse relaye l’affaire, intitule le dossier criminel « Les meurtres au clair de lune » et trouve un petit sobriquet à l’assaillant : le Tueur Fantôme. À la nuit tombée, les rues sont désertes tandis que marchands d’armes et serruriers font fortune. Police d’État, Texas Rangers et FBI s’associent pour traquer le criminel. Plus de 400 suspects seront interrogés, sans succès. Aujourd’hui encore, l’affaire demeure non élucidée.
LES PLAIES À VIF
En 1946, Charles B. Pierce n’avait que huit ans et résidait avec ses parents dans la ville de Hampton, en Arkansas. Le gamin a peut-être aperçu quelques percutantes manchettes de journaux, du genre à vous coller des frissons : « Sex maniac hunted » ou le grand classique « Texarkana terror ». Et c’est avec une caméra 16 mm que Pierce emménage à Texarkana en 1969 dans le but d’ouvrir une agence de publicité. Entre deux spots pour arrondir ses fins de mois, il décore pour le metteur en scène Jack Hill les plateaux de Coffy, la panthère noire de Harlem (1972) et Foxy Brown (1974).
En 1972, il réalise son premier film pour moins de 200.000 dollars dans les marécages du sud de l’Arkansas. Entre film d’exploitation et docu-fiction, The Legend of Boggy Creek suit les traces de la créature de Fouke, un monstre mi-homme mi-bête qui hanterait les environs de la petite ville. Le succès dans les drive-in est phénoménal. Plus de 20 millions de dollars de recettes. Après une comédie campagnarde et deux westerns tournés en totale indépendance, Pierce s’imbibe à nouveau d’une histoire locale, celle qui a marqué au fer rouge les consciences de toute une région. Les décors sont déjà construits, la figuration est déjà là et l’histoire ne demande que quelques aménagements afin de devenir un rien plus cinématographique. Trente ans après les terribles événements, Texarkana est à nouveau plongée dans la terreur. The Town That Dreaded Sundown (littéralement : « la ville qui redoutait le coucher de soleil ») ou l’histoire d’une communauté et de ses démons.
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Ltd Dammers
le 19/05/2020 à 23:01Je viens de tomber réellement sous le charme de ce réalisateur à travers ses deux hits. The Town That Dreaded Sundown a à mon sens beaucoup de qualités. Du coup je suis parvenu à me procurer le blu ray de la restauration de The Legend of Boggy Creek et, une fois encore, j'ai vraiment aimé, même s'il y a davantage de défauts (les plans de troncs d'arbre, ça va 5 minutes ^^). Dans ses films, je trouve qu'on y découvre une authentique ruralité américaine comme on ne la voit finalement pas souvent.