Toute première fois N°303
The Night Digger
La petite histoire sert souvent à éclairer la grande. Une fois recoupés, rangés et ordonnés, cancans, potins, élucubrations, faits avérés et vraies fausses déclarations révèlent les secrets de fabrication et mettent en lumière l’invisible. La petite histoire peut vous faire aimer ou détester un film. Elle influence les jugements, les sentiments et les opinions, et parfois interfère sur la carrière d’une oeuvre. Dans des cas extrêmes, elle condamne. Purement et simplement. Elle est, quoi qu’on en dise, indissociable de la grande Histoire. The Night Digger nous incite à plonger dans sa petite histoire. Car, une fois les lumières rallumées à l’issue de la projection, il flotte comme un parfum âcre et doucereux autour des spectateurs. Quelque chose ne va pas dans cet improbable mélange aux accents surannés. Imaginez une histoire d’amour entre une vieille fille complètement inhibée et un jeune homme diablement séducteur. Imaginez une relation masochiste entre une fille et sa mère adoptive aveugle. Imaginez un tueur en série angélique chevauchant une moto aussi noire qu’un éclat de charbon. Imaginez un manoir surchargé de bibelots d’un autre âge et de tentures aux couleurs fanées par le temps. Dans certaines pièces, les vitres sont brisées. Quand il pleut, l’eau pénètre à l’intérieur. Le sol, les murs, les tissus, la nourriture, tout est humide. Thriller, drame, mélodrame et tradition gothique. Pourtant, et malgré la disparité de ses éléments, The Night Digger surprend grâce à sa confondante homogénéité. Mais quelque chose ne va pas. La fille, Maura Prince, a le pas traînant, la démarche curieuse, la diction étrange et semble pouvoir à tout moment se briser en mille morceaux, comme un verre de cristal. Sa mère ne lui épargne rien et lui prend beaucoup. Maura travaille de temps à autre dans un hôpital où elle s’active à rééduquer des patients victimes d’attaques cérébrales. Mais la marâtre lui refuse ce luxe car il faut balayer, servir le repas, s’occuper du jardin. Maura, c’est l’actrice Patricia Neal, dont la vie ressemble à une tragédie grecque bien trop longue pour être évoquée ici. Un physique peu commun et une voix grave reconnaissable entre mille. C’est elle qui prononce les mots magiques, « Klaatu barada nikto », censés apaiser le robot extraterrestre Gort dans Le Jour où la Terre s’arrêta (1951) de Robert Wise. Deux ans plus tard, elle épousait Roald Dahl. Aviateur, héros de guerre, écrivain, scénariste et conteur hors pair, Dahl est connu et reconnu pour ses récits qui charment les bambins : James et la grosse pêche (1966), Charlie et la chocolaterie (1967), Fantastique maître Renard (1970), Charlie et le grand ascenseur de verre (1972), Le Bon gros géant (1982) et tou [...]
Il vous reste 70 % de l'article à lire
Ce contenu éditorial est réservé aux abonnés MADMOVIES. Si vous n'êtes pas connecté, merci de cliquer sur le bouton ci-dessous et accéder à votre espace dédié.
Découvrir nos offres d'abonnement