Toute première fois N°300

Le Métro de la mort

Des cannibales dans le métro londonien, et un coup de maître pour un premier film. Au début des années 70, en totale rupture avec l’horreur british made in Hammer, Le Métro de la mort, alias Death Line, alias Raw Meat, tordait le cou aux conventions tout en affichant clairement un discours contestataire. Lutte des classes et horreur : l’Américain Gary Sherman poursuivait là la révolution amorcée par George Romero et sa Nuit des morts-vivants. Attention à la fermeture des portes… C’est parti !
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Les contours du paysage changeaient à vitesse grand V. Le comte Dracula avait vaguement tenté de s’acclimater au Swinging London, sans trop y croire. À la fin des années 60, Londres était en pleine ébullition. Trop de bruit, trop de monde, trop de musique. Le baron Von Frankenstein ne tenta même pas de se fondre dans la communauté urbaine. Cela faisait un bail que le bonhomme s’était retiré sur la côte, en villégiature. Malgré tous leurs efforts, des studios comme celui de la Hammer peinaient à s’adapter à l’époque. La capitale du Royaume-Uni rayonnait à travers le monde et attirait plus de musiciens, de designers, de stylistes et de cinéastes qu’elle ne pouvait en loger. L’Américain Gary Sherman, lui, s’est expatrié et traîne ses guêtres dans le milieu publicitaire. Un spot après l’autre. Que ce soit en phase de préparation ou sur les tournages, les équipes de pub sont en général constituées de gens de cinéma, et le va-et-vient entre les deux industries est chose commune. À cette époque Gary Sherman a déjà rédigé quelques scripts. De son propre aveu, des machins militants que personne ne prit véritablement au sérieux. La lutte des classes et tout le bataclan. Pour parfaire ses histoires contestataires, il lui arrive de mener des recherches approfondies sur les grands chantiers du XIXe siècle. Ainsi, Sherman se passionne pour l’Histoire de la construction du métro londonien. Il la connait sur le bout des doigts. Des dizaines de kilomètres de tunnels, des milliers d’ouvriers, des milliers de patrons et plus de cent entreprises privées. Les accidents étaient fréquents, les morts aussi. Et il y avait aussi cet entêtant fait divers sordide, survenu en Ecosse au XVIe siècle : l’histoire de Sawney Bean taraude le publicitaire. Bean et son clan vivaient dans un réseau de grottes près de Galloway. Pour survivre, ils dérobaient les voyageurs imprudents puis les démembraient afin de les dévorer. Les enfants et petits-enfants du clan naquirent d’unions majoritairement incestueuses. D’ailleurs, Wes Craven s’inspirera du même fait divers pour parfaire La Colline à des yeux (1977). Politique, métro et cannibale ; la Sainte Trinité. Sherman tient là les germes de son Métro de la mort. Avec l’aide de Ceri Jones, qui produisit quelques-unes de ses pubs, Sherman s’attèle à la rédaction d’un script brut de décoffrage, sans fioritures et dépouillé à l’extrême. Les subtilités viendraient plus tard, sur le plateau.

SAUVER UNE PRODUCTION
Quelque chose d’affreux a survécu dans le métro de Londres. Quelque chose qui n’a plus rien d’humain. Cela vit avec les rats car ses ancêtres, des ouvriers et des ouvrières, ont été ensevelis pendant la construction du métro. Des laissés-pour-morts, des laissés-pour-compte. De la chair [...]

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