Toute première fois N°298

Les Sorcières de Salem

Un épisode fameux de l’Histoire coloniale des États-Unis, une chasse aux sorcières au propre comme au figuré, une pièce de théâtre à haute teneur contestataire, son adaptation française au cinéma financée en grande partie par l’Allemagne communiste et des liaisons fatales made in Hollywood. Il n’y a pas à dire, LES SORCIÈRES DE SALEM, quasiment invisible aujourd’hui, est l’une des plus rocambolesques et édifiantes affaires du cinéma français.

États-Unis d’Amérique, 1692, état du Massachusetts, village de Salem. Huit jeunes filles se mettent à agir d’une manière particulièrement étrange durant l’hiver glacial du début d’année. Elles parlent soi-disant une langue étrangère, traînent bizarrement des pieds quand elles marchent. Aucun médecin ne parvient à déterminer leur mal jusqu’à ce que l’un d’eux diagnostique une possession satanique de groupe. Pressées par les notables de la ville, les jeunes filles sont sommées de donner les noms de leurs concitoyens ayant pactisé avec Satan. Trois femmes sont accusées. La première est une mendiante, la seconde une vieille dame malade et la troisième est une esclave noire. À Salem, la chasse aux sorcières débute et les prisons se remplissent. L’issu de la plupart des procès est la condamnation à mort. Hystérie collective et paranoïa puritaine. Seuls ceux qui avouent et dénoncent d’autres suspects évitent la pendaison. En octobre 1692, alors que le gouverneur de l’état met fin à la procédure, 25 personnes ont été exécutées par pendaison. Pendant les centaines de procès qui se sont tenus, certains villageois ont préféré fuir, les autres préférant assister au spectacle. Résultat : les récoltes et le bétail furent laissés à l’abandon et les commerces désertés. Salem est dévastée. 

UNE PLUIE DE FILMS ANTI-ROUGES 
États-Unis d’Amérique, 9 février 1950, état de Virginie- Occidentale, ville de Wheeling. Le sénateur Joseph McCarthy dénonce dans son discours la mainmise des communistes sur le pays. De preuve, il n’en a pas besoin. McCarthy surfe sur la peur atomique, le trauma post Seconde Guerre mondiale et prêche pour sa paroisse. La commission des activités anti-américaines (House Un-American Activities Committee) entame une série d’enquêtes sans précédent pour débusquer les sympathisants cocos à travers le pays. D’abord dans l’administration et l’armée, puis les médias et le monde du spectacle. Sournoisement, les sorciers rouges ont contaminé tous les organes du territoire. Pour juguler l’invasion, les listes noires s’accumulent et pour se disculper, il faut donner des noms. La délation est élevée au rang de sport national. Résister à la pression de la commission est loin d’être une activité de tout repos. D’autant plus lorsque les médias s’en mêlent. Carrières brisées et vies broyées. Dans les salles, c’est une pluie de films anti-rouges. Pourtant, en 1952, Fred Zinnemann tente un appel à la raison et livre avec Le Train sifflera trois fois une évidente dénonciation du maccarthysme. Son scénariste Carl Foreman est inscrit sur la liste noire hollywoodienne peu de temps après la sortie du film. Deux ans plus tard, c’est Allan Dwan qui en remet une couche avec le très pessimiste western Quatre étranges cavaliers. Dans ce dernier, l’un des plus fervents accusateurs du héros se nomme McCarty ! Néanmoins, c&rsqu [...]

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