Toute première fois N°297

La Maison rouge

Peu connu dans nos régions, injustement rangé dans la case mélodrame ou, plus justement, dans celle du thriller psychologique, LA MAISON ROUGE s’est très vite retrouvé condamné à perpétuité pour cause de classicisme. Il aura donc fallu attendre qu’un certain Martin Scorsese mentionne ce joyau noir de l’après-guerre pour voir enfin sa peine levée. LA MAISON ROUGE, où quand le réalisateur Delmer Daves, réputé pour ses westerns progressistes, façonne un conte gothique marécageux, un presque film d’horreur aux envoûtantes saveurs vénéneuses.

C’est une maison rouge, adossée aux marais. On y vient à pied, on ne frappe pas, car ceux qui vivaient là ont jeté la clef avec tous ses secrets. Encore fallait-il la trouver… C’était au détour d’Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain. Dans cet érudit documentaire de 1995 en quatre parties et couvrant la période 1896 – 1969, le réalisateur de Taxi Driver énumérait les films qui avaient nourri son oeuvre, ou l’avaient simplement marqué. Trois heures quarante-cinq et plus d’une centaine de films cités. Les Ensorcelés, Sueurs froides, L’Ombre d’un doute, La Grande parade, La Chevauchée fantastique, Scarface… Du chef-d’oeuvre par paquets de douze quand, soudain, La Maison rouge (The Red House en VO) de Delmer Daves. Un « thriller psychologique » sur lequel Scorsese ne tarit pas d’éloges. On craint le réflexe snobinard, l’étalage de savoir, la réévaluation mal calculée, mais ce serait oublier que Marty a toujours raison. En tout cas, dans ce documentaire. Et pourtant, tout avait mal commencé pour Delmer Daves. Enfin, tout du moins, dans l’Hexagone. Daves se faisait cartoucher sévère pour cause de politiquement correct dans un texte intitulé « Papa Daves » publié en mars 1964 dans Les Cahiers du cinéma. Règlement de comptes à OK Cahiers ! Autre temps, autres moeurs. Paradoxalement, le bonhomme était culte dans les ciné-clubs de l’époque à cause de son évidente bonté et de son amour du métissage. Très probablement, sa réputation aura également souffert du western La Flèche brisée (1950), qui prenait ouvertement parti pour les Indiens. L’utopie passée à la moulinette hollywoodienne. Trop bon, trop con, trop correct. Cinéaste désuet, dépassé et archaïque. Autant d’adjectifs qualificatifs auxquels il faut opposer, simplement, des films. L’impeccable western 3h10 pour Yuma (1957), fable aussi optimiste qu’étrangement amorale, le magnifique La Dernière caravane (1956), parcours initiatique sous forme de survival dans l’Ouest sauvage ou encore La Colline des potences (1959), autre western insolite, baroque et mélodramatique. Un machin à la croisée des genres qui ne ressemble à aucun autre truc de l’époque. D’ailleurs, comme La Maison rouge. Car celui-là donne le top départ d’une carrière trop souvent réduite à huit westerns en tout et pour tout. Le fameux et encombrant corpus cher aux analystes, universitaires et spécialistes de la spécialité. Ceux-là mêmes qui considèrent le détail d’un tableau sans en apprécier la totalité. Il y a bien sûr cette Flèche brisée, l’arbre qui cache la forêt, qui dissimule ces huit westerns qui, eux-mêmes, camouflent une filmographie longue d’une trentaine de titres qui contient aussi des comédies, des films, noirs, des mélodrames, des films de guerre, des péplums, des comédies musical [...]

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