
Toute première fois N°295
Rêves sanglants
Personne n’aurait aimé être à la place de Roger Christian le 12 mai 2000. Précédé d’une terrible réputation, Battlefield Earth – Terre champ de bataille percute de plein fouet les écrans américains et devient en quelques heures l’un des plus mauvais films de l’Histoire du cinéma. Le désastre est à la fois critique, commercial et planétaire pour cette idiotie science-fictionnelle colorée portée par l’Église de Scientologie. Les critiques sont si virulentes que son réalisateur se fendra d’une tribune parue dans le quotidien britannique The Guardian le 4 juillet 2000. Christian tente de se défendre, pas très adroitement d’ailleurs, mais rappelle avec justesse que les ventes internationales ont largement remboursé le machin. La seule chose qui protégea un tant soit peu le réalisateur d’une redoutable déculottée en place publique fut son Oscar remporté pour son travail sur les décors de La Guerre des étoiles en 1977. Quoi qu’on en dise, la statuette impose respect et déférence. Pourtant, à cette époque, Rêves sanglants (The Sender en VO) est encore loin de voir le jour. Christian s’est fait les crocs en tant qu’assistant décorateur sur deux films de Robert Fuest, l’excellent thriller atmosphérique And Soon the Darkness (1970) et le désinvolte et déglingué Les Décimales du futur (1973). Puis les étoiles entrèrent en guerre. Deux ans plus tard survient l’aventure Alien (1979), durant laquelle le bonhomme doit faire des miracles pour donner corps aux visions de H.R. Giger, Ron Cobb, Chris Foss et Moebius. La même année, Christian file également un coup de main aux soooo british Monty Python sur La Vie de Brian, surréaliste charge anticléricale. À la fin de la décennie, Roger Christian caresse l’idée de passer à la mise en scène. Dans ce cas, il est toujours bon d’avoir un appui. George Lucas en est un, de taille et de poids.
SLASHERS ET FILMS GORE
Auréolé de son succès, le barbu businessman sera la caution qui permettra à Roger Christian de décrocher les 25 000 livres sterling nécessaires à la mise en production de Black Angel. Mieux, ce court conte médiéval d’une vingtaine de minutes avec chevalier noir et tout le bataclan accompagnera dans certains pays, dont l’Angleterre, la sortie de L’Empire contre-attaque (1980). Placé sous l’influence de Tarkovski, Black Angel n’a d’autre ambition que de s’adresser à l’inconscient du spectateur à travers une histoire universelle. Wow ! N’empêche, pour la préparation d’Excalibur, John Boorman convoqua toute son équipe à une projection de Black Angel en lâchant un cinglant : « Voilà ce que je veux ! ». Assis dans la salle, partagé entre la gêne et la fierté, Christian n’en menait pas large. Pourtant, sel [...]
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