Toute première fois N°291

Indispensable thriller environnementaliste, PANIQUE est aussi l’un des rares films catastrophes québécois produits à ce jour. Ce premier pas dans le genre du très engagé Jean-Claude Lord n’a d’ailleurs rien à envier à ses homologues made in USA. Pollution mortelle, firme peu scrupuleuse, mutations et médias corrompus, PANIQUE scrute les liens incestueux entre industriels, politiques et journalistes, et n’hésite pas à dresser un pont entre film d’anticipation et cinéma militant.
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L’Histoire du cinéma canadien est et a toujours été celle d’une lutte face à l’ogre américain. D’un côté David et de l’autre Goliath. Difficile dans cette configuration d’affirmer et de préserver son identité. Ici, il n’est plus du tout question de querelle de voisinage, mais de résistance. Alors forcément l’État canadien cautionne, patronne et protège l’industrie des images qui bougent, pour le meilleur et pour le pire. Car s’il existe bien sûr un cinéma canadien anglophone, il existe aussi un cinéma québécois qui se veut culturellement distinct, ne serait-ce que par la langue. Une sorte d’anti- Hollywood, un village d’irréductibles Gaulois qui supporte difficilement les recettes de distraction de masse de l’Oncle Sam. Le cinéma québécois est avant tout un cinéma direct et social qui participe à l’auscultation de la culture québécoise au sens large du terme. Caribou ! Dit comme ça, ça colle une frousse de tous les diables. Pourtant, un organisme d’état comme la SDICC (Société de Développement de l’Industrie Cinématographique Canadienne) n’hésita pas, à la fin des années 60 et au début des années 70, à participer à la production d’une poignée de films de fesses. Valérie ou encore Deux femmes en or ont explosé les chiffres du box-office local. La SDICC récupérait une part des bénéfices dans le but de financer, avec des fonds publics, des premiers films d’auteur à petit budget. Une partie de la profession voyait d’un très mauvais oeil ce système flattant avant tout des productions commerciales. Dans leur coin, les critiques locaux se déchaînaient face à ces purs films d’exploitation qui mettaient à mal l’identité culturelle de la province. La tension entre l’art et le commerce à son comble. Le tout irrigué par des subventions sujettes au moindre fléchissement économique et à la moindre décision politique. Le cinéma québécois : un machin précaire, instable et radical cultivant un rejet profond du fond et de la forme hollywoodiens. Un cinéma fabriqué principalement par des auteurs, à l’opposé des pays gros producteurs comme les États-Unis, la France ou l’Italie d’une certaine époque, qui ont toujours décliné leurs produits. Jugé comme le plus américain des réalisateurs québécois, Jean-Claude Lord allait pourtant tenter, à la fin des seventies, de mêler l’huile et le vinaigre et de réconcilier Israël et Palestine. Panique perpétuerait donc une tradition d’urgence documentaire au travers d’un film catastrophe grand public dénonçant l’implantation d’industries polluantes américaines sur le territoire canadien. 

LE MONDE MERVEILLEUX DE LA TÉLÉVISION 
Pour les aficionados de l’horreur, le nom de Jean- Claude Lord est loin d’être inconnu. En 1982, le Lord se rendait responsable d’un intense slasher hospitalier post-Halloween un rien sous-estimé. Terreur à l’hôpital central (Visiting Hours) osait la profondeur psychologique et, comble de l’hér&ea [...]

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