Toute première fois N°288

The World's Greatest Sinner

Inégalable, foutraque, ahurissant… Les qualificatifs ne manquent pas pour tenter de ceinturer l’authentiquement dingo THE WORLD’S GREATEST SINNER. Fable politique et sociale narrée par un serpent, la première réalisation de l’incontrôlable acteur Timothy Carey fusionne en toute décontraction religion, corruption et rock’n’roll. Plus de cinquante ans après sa mise en boîte, l’objet continue de distiller un incontestable parfum d’étrangeté.
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Hollywood, Californie, États-Unis d’Amérique. Mecque du cinéma et usine à rêve. Des histoires qui pullulent, des bavardages qui abondent, des anecdotes qui fourmillent et des ragots qui grouillent et se répandent. Le temps passant, difficile de démêler le vrai du faux. Qu’importe ! Hollywood continue d’écrire son feuilleton salace et obscène au rythme d’un rebondissement senssssssssationnel à chaque épisode. Timothy Carey en a été l’un des acteurs les plus indomptables. Une trogne de second plan imprimant durablement la rétine à chacune de ses apparitions, et une revêche réputation de comédien difficile. Kirk Douglas le haïssait. Marlon Brando le détestait. Stanley Kubrick l’adorait. Bruits, cancans et commérages se suivent, se ressemblent et prolifèrent. La réalité dépasse la fiction. À moins que ce ne soit l’inverse. Sur le plateau du Gouffre aux chimères (1951), Carey harcèle le réalisateur Billy Wilder jusque dans sa caravane afin d’obtenir un petit rôle. Sa carrière est lancée quand Wilder craque. Pour Prince Vaillant (1954), il escalade les murs d’un studio de la 20th Century Fox harnaché d’un costume de chevalier. James Mason hérite finalement du rôle. Dans l’excellent film noir Chasse au gang (1954), il intimide sexuellement et pour de vrai l’actrice Phyllis Kirk. Pendant le tournage de La Dernière caravane (1956), il se colle une peignée mémorable avec la star du film, Richard Widmark. Sur celui d’À l’est d’Eden (1955), c’est soupe de phalanges en compagnie du réalisateur Elia Kazan. Excédé par ses frasques, Seymour Cassel tente de l’étrangler lors d’une scène de Meurtre d’un bookmaker chinois (1976). Mégalo Carey est au top de sa forme pendant les prises de vues des Sentiers de la gloire (1957), où il orchestre son propre enlèvement avec demande de rançon et tout le bataclan. La police est sur les dents et Carey se marre. Sur le même film, il improvise sa scène d’exécution pour la plus grande joie du Kubrick. Dans son coin, Douglas fulmine. Carey est un notoire voleur de scène. Il crève l’écran et asticote l’orgueil des stars. Le comble est atteint quand Jack Nicholson, fan de la première heure, emprunte des traits de sa personnalité pour composer l’excessif Jack Torrance de Shining. Carey : un mètre quatre-vingt-treize d’instabilité, aussi à l’aise en salopette redneck qu’en costard cravate. Sa spécialité malgré lui, ce sont ses rôles de brutes épaisses. Son domaine de prédilection, c’est l’improvisation. Son atout : cette façon si particulière de se mouvoir empreinte à la fois de brutalité et de douceur. Mais sa personnalité outrancière s’accommode mal des directives et des rigueurs imposées par son métier. Le cadre hollywoodien semble trop étroit pour ce géant fort en gueule qui ne jure que [...]

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