Toute première fois N°286

Equinox

Disons-le tout de suite, EQUINOX n’est pas un bon film. Pourtant, à force de maladresses, d’enthousiasme et surtout de passion, cette fantaisie lovecraftienne pour le moins fauchée diffuse un capital sympathie hors du commun. Aussi redevable à la revue FAMOUS MONSTERS OF FILMLAND qu’aux délirantes bestioles de Willis O’Brien et Ray Harryhausen, ce premier film de Dennis Muren, futur pilier d’ILM – la compagnie d’effets spéciaux de George Lucas – illustre à merveille une passation de témoin réussie entre plusieurs générations.
Array

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… Ce devait être au milieu des années soixante, ou quelque chose d’approchant. Le monde bouillonnait et changeait. Usées par des années de règne, les anciennes idoles se désagrégeaient inexorablement. Quoi que l’on en pense, la Nouvelle Vague française menée par Truffaut, Godard, Rivette, Chabrol et toute la clique a voulu rompre avec la tradition. D’abord au travers d’écrits dans la revue Les Cahiers du cinéma, puis par le biais d’une nouvelle façon de fabriquer des films. Budgets riquiqui et caméra à l’épaule : du cinéma guérilla qui n’avait d’ailleurs rien à voir avec une quelconque école esthétique. Il était question d’état d’esprit. De l’autre côté de l’Atlantique, Hollywood agonisait dans sa bulle hors du monde. Les gros studios n’allaient pas tarder à se faire absorber par d’opportunistes conglomérats financiers. La nouvelle économie du cinéma taillait sa route. Quelques hurluberlus comme Roger Corman longeaient ce système quasi moribond en produisant des films en prise avec leur temps et les désirs du public. Des films d’horreur avec de vrais morceaux de monstres à l’intérieur. Budgets ridicules et rapidité d’exécution. Quelque part, une forme d’état d’esprit. Ces mêmes films s’affichaient dans la revue Famous Monsters of Filmland à grand renfort de photos-chocs. Créé par le légendaire Forrest J. Ackerman en 1958, le magazine connut un phénoménal succès dès sa parution. FM, pour les intimes, égrainait une série de textes simples sur des acteurs, réalisateurs et personnages « monstrueux » rehaussés par une stupéfiante iconographie. De plus, Ackerman mixait en toute décontraction horreur d’hier et d’aujourd’hui et eut le génie d’instaurer une interactivité avec son lectorat grâce à son « club des monstres ». En résumé, Famous Monsters of Filmland générait de fabuleux fantasmes. Le mensuel chauffait à blanc l’imaginaire de toute une génération d’ados, principale cible de la publication. Dennis Muren était de ceux-là. 

KING KONG LOVERS ! 

Fan inconditionnel de la revue, Muren ne jurait que par les créations de Willis O’Brien et Ray Harryhausen. Le roi Kong et les squelettes animés du 7e voyage de Sinbad (1958) occupaient tous ses neurones. D’ailleurs, au début des années soixante, un timide Muren rendit visite au maître accompagné de sa mère, vu que le garçon n’était même pas en âge de prendre le volant. Harryhausen, alors, au faîte de sa carrière, prodigua les encouragements d’usage et se montra particulièrement impressionné par les bricolages super 8 du jeune ado. Pourtant, c’est une petite annonce parue dans le mensuel d’Ackermann qui allait sceller le [...]

Il vous reste 70 % de l'article à lire

Ce contenu éditorial est réservé aux abonnés MADMOVIES. Si vous n'êtes pas connecté, merci de cliquer sur le bouton ci-dessous et accéder à votre espace dédié.

Découvrir nos offres d'abonnement

Ajout d'un commentaire

Connexion à votre compte

Connexion à votre compte