Toute première fois N°281

Night of Fear

S’il est avant tout le premier film d’horreur moderne engendré par le cinéma australien, NIGHT OF FEAR de Terry Bourke n’en demeure pas moins le présage du désormais « reconnu » MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE. Voici donc l’histoire fragmentaire, chaotique et forcément incomplète de ce très curieux objet, aujourd’hui complètement oublié, mais dont la moindre des qualités est d’anticiper de deux ans les horreurs texanes de Tobe Hooper.

Il y a à peine quelques semaines, Massacre à la tronçonneuse fêtait son quarantième anniversaire en grande pompe un peu partout dans le monde. Un retour en grâce pour son réalisateur Tobe Hooper qui, il faut le rappeler, fut largement épinglé pour ses films suivants par une grande majorité de critiques et de fans. Ceux-là même qui portèrent allégeance au dieu Hooper lors de la commémoration de ce classique de l’horreur. S’ensuivit logiquement une avalanche d’articles, de dossiers et d’interviews qui s’attachèrent d’un côté à relater la genèse du chef-d’oeuvre et, de l’autre, à disséquer la bête pour essayer de comprendre la folie furieuse qui l’habitait. Pour schématiser à l’extrême, notre brave Tobe Hooper se perd dans un Leroy Merlin à la ricaine un jour de grande affluence et s’imagine fendre la foule comme un dément avec une scie motorisée. Heureusement, la guerre du Vietnam qui passait par là allait nourrir inconsciemment ce film symbole d’une Amérique malade. Au final, et de l’avis de tout le monde, il y eut bien un après Massacre à la tronçonneuse, mais pas réellement d’avant, en tout cas d’après la sacro-sainte Histoire du 7e Art. Exception faite, peut-être, d’Eggshells du même Hooper, une fantaisie hippie fumée à l’herbe qui fait rire. Un brin naïf comme vision. C’est bien connu, les garçons naissent dans les choux et les filles dans les roses. Entendons-nous bien, il n’est pas question ici de remettre en cause les qualités de ce très grand film d’horreur, ni de s’émouvoir de l’unilatéralité des avis dont le film bénéficie. Il s’agit simplement de chercher et de trouver un ou plusieurs antécédents afin d’en finir avec les choux, les roses et les cigognes. Et un précédent, il y a en un. Il est australien. Il date de 1972. Il se nomme Night of Fear et c’est un bien curieux bidule d’à peine 54 minutes. Une fois ces 3240 secondes écoulées, on est en droit de se poser la question : est-ce que Tobe Hooper a vu oui ou non l’obscure oeuvre de Terry Bourke ? Car pour tout dire, Night of Fear constitue un étonnant brouillon, une saisissante esquisse d’un futur indispensable de l’horreur qui allait à jamais changer la face du genre. 

 

AUTHENTIQUE CURIOSITÉ

À vrai dire, on sait peu de choses sur Night of Fear, si ce n’est qu’il fallut douze jours de tournage pour mener à bien l’entreprise. Peu vu en Australie à l’époque de sa sortie en mars 1973, le film de Terry Bourke est demeuré relativement confidentiel jusqu’à sa distribution en DVD en 2005 sous la bannière du label Umbrella Entertainment. D’ailleurs, cette diffusion en galette ne suscita qu’un très vague intérêt pour cette authentique curiosité. Pourtant, le film est bel et bien mentionné dans le très bon documentaire Not Quite Hollywood (2008) dédié entièrement à l’ozploitation, autrement dit au cinéma d’exploitation australien des années 70 et 80. Ce courant alternatif de l’industrie du cinéma local enfanta [...]

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