Dans les couloirs sans fin de la station Roppongi, souterrains immaculés qui conduisent au complexe massif où se loge l’événement, les affiches publicitaires pour cosmétiques ont laissé place à un wall of fame temporaire mais sidérant. Balayer du regard ces photos qui retracent les moments forts du festival permet d’en mesurer l’ampleur historique : sur de superbes clichés du passé, on pouvait distinguer quelques dieux locaux en pleine conversation avec leurs célèbres homologues yankees (Akira Kurosawa taillant le bout de gras avec Brian De Palma par exemple) ainsi qu’une pléiade de vedettes internationales hommagées et connues pour leur nipponophilie plus ou moins intéressée. Parmi celles-ci, on retrouvait cette année Tommy Lee Jones, superstar de la pub au Japon (il est « l’égérie » virile de la marque de café Boss) et président d’un jury qui a distingué du Grand Prix la fable d’anticipation La Particule humaine, dystopie écologique en noir et blanc réalisée par le Turc Semih Kaplano?lu. Mais à vrai dire, la question qui ne cesse de remuer nos méninges depuis notre retour reste en suspens : quelle tête faisait le metteur en scène de Trois enterrements devant l’adaptation live du shônen manga Fullmetal Alchemist projetée en ouverture ?


DANS LE VIF
Comme à chaque édition, les amateurs de oldschooleries pouvaient se repaître de classiques proposés dans des conditions royales. L’an dernier, nous nous étions ainsi délectés – en compagnie d’une assemblée d’otakus sexagénaires un peu inquiétants – d’un King Kong contre Godzilla restauré en 4K. Cette année, le kaiju eiga était à nouveau placé en tête de gondole, avec une projection-concert du Godzilla inaugural de Ishirô Honda. Réquisitionné pour l’occasion, l’orchestre symphonique de Tokyo y a interprété l’inoxydable partition d’Akira [...]