C’est à Roppongi (prononcez « lopongui »), dans l’arrondissement de Minato, que s’est déroulée la vingt-neuvième édition du Tokyo International Film Festival (ou TIFF pour l’acronyme qui va bien). Pour les inconditionnels de la capitale nippone, inutile de prodiguer un cours magistral d’Histoire urbaine. Pour les autres, sachez simplement qu’il s’agit là d’un des quartiers les plus chauds de la ville, connu pour ses établissements de nuit à excès variables, sa faune d’expatriés plutôt friqués et pas toujours bien éduqués, mais aussi son animation culturelle. Car, depuis le début des années 2000, Roppongi a bien changé. L’ouverture du complexe Roppongi Hills, qui a vu sortir de terre la Mori Tower abritant le Mori Art Museum, a ainsi annoncé la nouvelle mue du quartier : l’art sous toutes ses formes, avec pour symbole l’araignée géante sculptée par Louise Bourgeois, filandreuse créature kaiju-esque appelée « Maman » qui veille sur ces collines de béton les longues pattes rivées sur le parvis et l’abdomen plein d’oeufs. 

EN PARLANT DE MONSTRES… 
Événement majeur de l’année cinématographique japonaise 2016, Shin Godzilla (ou Godzilla Resurgence à l’international) a frappé les écrans nippons durant l’été (le 29 juillet dernier pour être précis), puis pendant le festival (le 30 octobre pour être toujours précis) à l’occasion d’une projection spéciale dans la section « Japan Now », une fenêtre sur la production locale qui embrasse toutes les tendances de l’industrie. Ce double impact permit de mesurer l’importance d’un film qui maltraite intelligemment son cahier des charges de blockbuster rigide pour accuser les formes d’un grand film d’auteur pétri d’obsessions singulières. « Pour ce reboot de la franchise Godzilla, nous avions comme référence la saga Alien, dont chacun des épisodes a été confié à un réalisateur visionnaire, capable d’imprimer sa personnalité et de créer quelque chose d’unique » déclara le producteur exécutif Akihiro Yamauchi à propos d [...]