1990. Bob Rafelson, cinéaste phare des années 70/80, notamment responsable de deux magnifiques films noirs (le remake du Facteur sonne toujours deux fois et La Veuve noire), met en scène un projet qui lui tenait à coeur depuis le début de sa carrière : Aux sources du Nil, qui raconte l’histoire (vraie) du voyage en Afrique effectué par deux explorateurs de l’Angleterre victorienne, Richard Francis Burton et John Hanning Speke, et comment ce dernier découvrit le lac à l’origine du fleuve égyptien. Un film superbe, produit en indépendant par les têtes brûlées de Carolco Pictures avec en tête d’affiche deux acteurs quasi inconnus (Patrick Bergin et Iain Glen, le futur Jorah Mormont de Game of Thrones). Un échec commercial terrible (4 millions de dollars au box-office, une misère), mais qui ressuscite la grandeur du cinéma de David Lean et John Huston. Un peu trop, sans doute, pour un public qui vient de faire triompher le Batman de Tim Burton.

2009. James Gray, considéré comme l’un des cinéastes les plus doués de sa génération, s’attaque à The Lost City of Z, un projet qui le passionne tellement qu’il mettra sept ans à le mener à terme, le temps d’obtenir un script pleinement satisfaisant. Encore une fois, il s’agit d’une histoire vécue : celle de Percy Fawcett, un militaire recruté par la National Geographic Society au début du siècle dernier pour effectuer des relevés cartographiques en Amazonie mais qui, peu à peu, devient obsédé par l’existence supposée d’une mythique cité d’or cachée au coeur de la jungle. Produit sans l’aide d’un studio par Brad Pitt, le film met en vedette Charlie Hunnam qui, en attendant de devenir le roi Arthur chez Guy Ritchie, a bien du mal à faire preuve sur grand écran du même charisme qu’il déployait dans la série Sons of Anarchy. À l’aube du tournage, Gray ne cache pas ses intentions : « Réaliser [...]