THE HOUSE THAT JACK BUILT de Lars Von Trier

The House That Jack Built

Cinq ans après Nymphomaniac, Lars von Trier remet le couvert dans la transgression et livre un film de serial killer dont la hargne teigneuse fait plaisir – et parfois mal – à voir.
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Mettre en parallèle le processus de fermentation du vin et celui du pourrissement des cadavres, expliquer le cycle pulsionnel d’un tueur en série en le comparant aux ombres qui s’allongent et rétrécissent à la lueur des réverbères, établir des correspondances entre les bâtisseurs de cathédrales et l’architecture qu’un sadique tente de donner à son oeuvre funéraire, faire d’un bourdonnement industriel et des sirènes hurlantes des bombardiers allemands la manifestation sonore de l’enfer sur Terre, s’attarder sur la virtuosité excentrique de Glenn Gould, citer Brecht et Goethe… Il serait facile de s’arrêter à ces errances et ces écarts narratifs pour définir The House That Jack Built comme un delirium tremens aux tendances provoc’ vaguement intellos, d’autant que Lars von Trier est considéré par beaucoup comme coutumier du fait. Ce serait réduire à un obscur objet arty et egotrippesque ce film-monstre dont la liberté totale et la densité organique évoquent les impros incendiaires d’un concert de John Coltrane. Si Melancholia avait quelque chose de wagnérien et qu’Antichrist pouvait s’apparenter à une symphonie de Stravinsky, cette fois, von Trier nous livre une pure oeuvre free jazz. 



BREAKING THE RULES
Cette errance collée aux basques d’un détraqué (Jack, incarné par Matt Dillon) sévissant dans la cambrousse redneck des années 70 à 80 brasse également des influences pas forcément volontaires, mais assez surprenantes, voire carrément osées dans un dernier chapitre dont on se gardera bien de dévoiler la teneur, mais qui s’aventure sur les terres de Clive Barker, Lovely Bones ou… Indiana Jones ! La plus importante reste cependant celle d’Angel Heart, puisqu’on a ici affaire à un personnage vivant sous une fausse identité (celle d’un type comme les autres alors qu’il n’a rien d’humain) et dont l’existence est un aller direct pour l’enfer, vers lequel il est guidé par un mystérieux interlocuteur (Bruno Ganz). Coïncidence ? Sû [...]

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