SUICIDE SQUAD de David Ayer

Suicide Squad

Plus qu’une nouvelle adaptation de comic-book, SUICIDE SQUAD est SURTOUT le nouveau film de l’excellent David Ayer. Décorticage à la volée, en attendant la confirmation du choc le 3 août dans nos salles.

Independence Day : Resurgence, Ninja Turtles 2, Tarzan… Au rayon des étés cinématographiques moisis, Hollywood aura encore fait fort pour cette cuvée 2016. En marge de cette vieille tambouille réchauffée par un excès d’effets numériques, Suicide Squad n’a aucun mal à se démarquer. Provoquant depuis quelques semaines un buzz supérieur à celui du prochain Star Wars, cet anti-film de super-héros nous donne surtout une bonne excuse pour nous attarder sur la position séditieuse de son auteur David Ayer, ex-scénariste à la plume acérée (U-571, Training Day, Dark Blue), devenu avec le temps un cinéaste sévèrement burné (End of Watch, Fury). En cinq points, Mad Movies décrypte donc les enjeux créatifs de Suicide Squad, projet kamikaze dont la carrière en salle pourrait faire basculer d’un côté comme de l’autre l’industrie hollywoodienne dans son ensemble…



1. LA HORDE SAUVAGE VERSION AYER
Depuis le milieu des années 2000, David Ayer remue ciel et terre pour monter le projet le plus important de sa carrière : une version entièrement repensée de La Horde sauvage, qu’il continue encore aujourd’hui de développer chez Warner. « Ça n’a rien à voir avec l’original » précise le cinéaste, « ça parle d’un cartel de la drogue mexicain, de nos jours. Ce n’est donc pas ce qu’on peut appeler un remake. » Les pontes de Warner agiteraient-elles cette carotte pour attirer Ayer sur Suicide Squad ? C’est probable, mais le cinéaste ne se reconnaît pas moins dans ce projet iconoclaste, dont l’argument de départ évoque ouvertement celui du classique de Peckinpah. Alors qu’il vient tout juste de signer son contrat, Ayer se sent tout de même obligé de justifier ce détour par le genre super-héroïque, semble-t-il à des années-lumière des thrillers testostéronés qu’étaient End of Watch, Sabotage ou Fury. « Fury a aiguisé mon appétit pour des tableaux plus grands » admet le cinéaste, « et il y a cette idée de créer un monde. On peut faire des choses incroyables quand on a les outils appropriés, c’est-à-dire le temps et l’argent. » En cherchant bien dans les archives du Net, Ayer annonçait déjà son intention de se frotter à la science-fiction durant la promotion américaine d’Au bout de la nuit, excellent polar avec Keanu Reeves sorti assez confidentiellement au printemps 2008. « Je ne vais pas tourner des films de flics toute ma vie » lançait-il, « et je suis incapable de vous dire ce que je ferai par la suite. »
La « suite » ressemble donc à La Horde sauvage avec des super-vilains. En 2014, quelques mois avant le début du tournage, Ayer semble aussi excité par ce concept réellement punk qu’intimidé par ses responsabilités nouvelles. « Je ne sais pas vraiment ce que je vais faire » avoue-t-il en interview, « ça va sûrement se passer comme dans un rêve fiévreux, dans lequel j’essaie tant bien que mal de diriger mon équipe. » Son équipe, il pourrait tout aussi bien l’appeler sa compagnie. Vétéran de l’armée américaine, Ayer aborde le film comme une opération militaire, embarquant notamment son cast dans un boot camp intensif de six semaines. Formés aux techniques les plus meurtrières, les comédiens comprennent vite l’investissement qu’on leur demande. « Ce qui compte pour David Ayer, c’est le réalisme », note Adam Beach, remarqué dans Windtalkers – les messagers du vent de John Woo et Mémoires de nos pères de Clint Eastwood, et qui hérite ici du rôle de Slipknot. « Si votre personnage est tourmenté, il veut que vous vous tourmentiez en vrai. Il veut une certaine forme de vérité. Nous avions carrément une sorte de psy sur le plateau, pour nous empêcher de passer de l’autre côté, de devenir vraiment méchants ! » Un garde-fou plutôt inutile, lorsque Ayer demande à ses acteurs de se foutre des gnons sans simuler lors des répétitions, comme dans Fight Club. « Ce n’étaient pas des répétitions normales » admet le réalisateur. « On parlait de leur vie, de leur histoire, ils devaient vraiment s’ouvrir aux autres. Et je leur ai demandé de se battre entre eux, car c’est en collant son poing sur le visage de quelqu’un qu’on apprend à vraiment le connaître. Ça nous a débarrassés de tous leurs trucs d’acteurs. » Sauvage, dites-vous ? C’est le but recherché. « Pendant ces six semaines, nous avons fait la fête ensemble, nous avons mangé ensemble, nous nous sommes entraînés ensemble » se souvient Adewale Akinnuoye-Agbaje, interprète du monstrueux Killer Croc. « Quand les caméras ont enfin commencé à tourner, nous étions déjà une escouade. » 




2. AU BONHEUR DES FREAKS
« Pourquoi un film aurait-il besoin de gentils ? » En une petite question a priori innocente, David Ayer livre les clés de son cinéma, où bons et mauvais suivent une ligne de conduite voisine. Après avoir ébloui William Friedkin avec son rugueux End of Watch (« C’est peut-être le meilleur film de flics de tous les temps » dixit le réalisateur de French Connection et Police fé [...]

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