SICILIAN GHOST STORY de Fabio Grassadonia & Antonio Piazza

Sicilian Ghost Story

Un an après sa présentation à la Semaine de la Critique de Cannes, Sicilian Ghost Story atteint discrètement les salles françaises. Mélange de conte et de drame mafieux, inspiré d’un fait divers qui frappa la Sicile au milieu des années 1990, le film d’Antonio Piazza et Fabio Grassadonia est une expérimentation tonale d’une maturité impressionnante, et une proposition de fantastique trop rare en Europe pour qu’on la laisse passer.
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Sicile, 1996. Giuseppe (Gaetano Fernandez), un élève modèle passionné d’équitation, disparaît mystérieusement, et seule sa petite amie Luna (Julia Jedlikowska) semble s’en soucier. Devant l’indifférence des professeurs, des adultes du village et de sa propre famille, l’adolescente décide de mener sa propre enquête. Lauréat du David di Donatello du Meilleur Scénario (l’équivalent italien du César), Sicilian Ghost Story peut être vu comme une déclinaison directe de Salvo, le premier long-métrage de Piazza et Grassadonia, où un mafieux implacable croisait la route d’une jeune aveugle en détresse. Récompensée en 2013 par le prix de la Semaine de la Critique, l’oeuvre s’inspirait clairement sur le fond de The Killer de John Woo, mais avec un argument fantastique supplémentaire servant de catharsis au parcours intérieur de son antihéros. La formule est réutilisée et affinée pour Sicilian Ghost Story, dont le récit est vécu à travers deux points de vue que le destin a décidé de séparer, mais qui finiront par se rejoindre lors d’une superbe séquence onirique centrale ; un rendez-vous impossible et inexpliqué dans les profondeurs d’un lac.
Narrée de façon classique, l’intrigue aurait nourri un film terriblement déprimant. En l’état, Sicilian Ghost Story préfère entretenir une once d’espoir, dans un monde dominé par des grandes personnes soit complices par leur lâcheté, soit ouvertement malveillantes. L’irresponsabilité des adultes est au coeur du long-métrage, et la manière dont Piazza et Grassadonia la perçoivent n’est pas sans rappeler la démarche visuelle de Joe Dante dans Panic sur Florida Beach. S’efforçant de prendre le point de vue des enfants, les deux cinéastes cristallisent le décalage et l’absurdité des comportements adultes, qu’il s’agisse de la maîtresse d’&eacu [...]

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