Séquence(s) n°318
Un demi-siècle de luttes incessantes n’aura pas suffi à éradiquer la malédiction de l’homme en latex. Lorsqu’il s’agit de mettre en scène une créature et ses relations à autrui, on finit toujours, pour l’incarner, par glisser un acteur – généralement de grande taille – dans un costume, voire un déguisement extravagant. Pourtant on a envisagé de nombreuses alternatives. Des machines, des ersatz en modèle réduit, des animatroniques et, bien sûr, les effets numériques. Rien ne remplace un être humain, même méconnaissable, pour exprimer des sentiments. Mais si l’on songe aux précurseurs qui n’avaient, pour s’exprimer, qu’une pantomime grossière et quelques nuances de grognements, on admet que les trucages de plateau et la postproduction permettent aujourd’hui d’enrichir considérablement la capacité émotionnelle des créatures. Nos aînés devaient se contenter d’offrir à leurs spectateurs une créature basique, agressive et méchante ou, dans le meilleur des cas, envieuse et amoureuse. C’était un véritable casse-tête que d‘éviter le ridicule. Mais finalement, le problème demeure. Si l’on veut faire oublier l’homme dans la combinaison de latex, mieux vaut qu’il se fasse rare à l’écran. Et paradoxalement, alors que nous vivons une ère où la technologie semble ouvrir toutes les portes et abolir tous les doutes, la prudence semble guider les metteurs en scène les plus aguerris.
AQUARIOPHILIE
Elisa (Sally Hawkins) est muette. Elle travaille comme femme de ménage dans un laboratoire ultra sécurisé de l’armée américaine. Le hasard veut qu’elle soit mise en contact avec une créature amphibie (Doug Jones) récemment découverte en Amazonie. À fo [...]
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