Séquence(s) n°304
On les connait par coeur, les faubourgs de ces villes américaines. On a vu des milliers de fois ces maisons de bois fleurant la middle class laborieuse. Elles se tiennent à l’écart des rues arborées, protégées par l’immanquable pelouse toujours tondue à la perfection. La bannière étoilée s’y montre le 4 juillet par ferveur patriotique. Après que les petites communes rurales du Midwest eurent été étrillées par la crise de 1929, ils sont devenus le nouveau quartier général de la bien-pensance. C’est là que s’épanouit désormais le culte du bonheur édifiant de l’American Way of Life. Mais l’image d’Épinal a fané. Avec les nouveaux aléas de l’économie mondiale, ces banlieues ont vu, dans les années 80, disparaître les comédies édifiantes dont elles étaient le théâtre au profit du film de genre. Tout ce qui était normal devint, tout à coup, inquiétant. On découvrait que l’envers du décor n’était pas aussi idyllique qu’on l’avait prétendu. Visionnaire et dynamiteur de clichés, David Lynch n’a pas tardé à tisonner cette plaie purulente. Il n’a pas son pareil pour détecter les failles et les souffrances. Il en a presque fait un style, dont on compte chaque année de nouveaux émules. C’est aussi là que David Robert Mitchell a choisi de situer l’action de son deuxième long-métrage, où l’horreur est lente et désespérante, à l’image de la vie des petits bourgeois dont il décrit les affres.
LE VELOURS DE L’HORREUR
C’est sur une musique sobre d’Angelo Badalamenti que se déroule le générique monochrome de Blue Velvet. Puis soudainement, par un fondu au bleu, nous entrons dans le film. La camé [...]
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