Mais avant d’en arriver là, les super-héros doivent se constituer et prendre la mesure de leurs pouvoirs hors norme. Quand, soudain, on réalise que l’on peut soulever des montagnes ou virevolter comme une araignée, le trac peut vous saisir. Passée l’euphorie de se savoir autre et supérieur, l’inquiétude pointe. Elle nourrira d’ailleurs leurs exploits futurs. Admettre que l’on est différent change votre vie ; choisir vos combats la constitue. Modèle magnifié de notre petite existence, le super-héros traverse les mêmes angoisses que le commun des mortels, mais l’ampleur de ses crises seront à l’image de ses pouvoirs. Alors, avant d’affronter tout cela, il s’offre un pur moment de jouissance régressive, un dernier clin d’oeil à son enfance désormais passée.

QUAND CLARK TOMBE, SUPES PULVÉRISE

Quand il reçoit des mains de son père, Jor-El (Russell Crowe), son célèbre costume, Superman (Henry Cavill) résout deux énigmes. Il vient de comprendre qui il est et qui il sera. Il sort. Il est happé par un halo de lumière blanche venant de l’extérieur. C’est une renaissance. On le retrouve sur le sommet éthéré d’une montagne enneigée. Si l’on entend le père et son fils dialoguer en voix off, en aucun cas le second ne pourrait être présent. Clark Kent devient Superman. Il n’est pas question de partager cela avec le moindre quidam, y compris son géniteur. L’image est bleutée presque monochrome. Seul le rouge du costume fait exception. Ni l’allure martiale, ni le regard clair et décidé du héros ne laissent de doute sur ce qui va suivre. Nous le vo [...]