Les psychopathes sont obéissants, travailleurs, voire tatillons. Rien ne dépasse dans leur pré carré, et personne n’y est admis sans autorisation. Ils régentent en despotes des territoires que seule leur folie délimite. Malheur aux imprudents qui s’y aventurent. Susciter l’envie ou la compassion de tels fauves équivaut à glisser un pied dans la tombe, et montrer la moindre faiblesse à signer son arrêt de mort. Mais que dire quand ils s’entichent d’une femme ? L’amour est inattendu et perturbateur. Il se nourrit de spontanéité et de fougue. Rien qui ne convienne vraiment à ces control freaks. Et malgré le désir, l’amour apparaît rapidement comme une scorie qu’ils s’empresseront d’effacer avant de reprendre, imperturbablement, leur sale petite vie. Passionnel pour Norman Bates (Anthony Perkins) ou platonique pour Seymour Parrish (Robin Williams), l’amour est ici condamné d’avance au drame et au silence. Les psychopathes ne dévient jamais du chemin qu’ils se sont tracé, même pour le coeur d’une femme. 

IL SUFFIT D’UN NOM…
Perdue au milieu de la nuit, Marion Crane (Janet Leigh) se réfugie au Motel Bates. Elle se laisse convaincre, malgré l’heure tardive, de partager quelques sandwiches et un verre de lait avec Norman Bates, le tenancier. Il a dû insister. Elle a fini par accepter. Il est timide, aimable et élégant. Intrigant, même. Il entre en premier, traverse un petit salon et allume une lampe. Le détail a son importance. Nous découvrons la petite pièce dont les murs sont couverts d’oiseaux empaillés, et l’éclairage venant du bas renforce immédiatement l’étrangeté du lieu. Elle reste sur le seuil. Elle regarde, inquiète, un hibou. Puis elle entre. La caméra l’accompagne alors qu’elle s&rsq [...]