La volonté de sembler vrai n’épargne pas le cinéma. Au début, il se contentait de saisir ce qui nous entourait. Et pour un temps, cela suffit à sidérer. Puis les opérateurs ont voyagé, captant ailleurs cette banalité quotidienne que l’exotisme transformait en merveille. Bien que ces documents fussent extraordinaires, le spectateur ne mettait jamais en doute leur véracité. Pourtant, déjà, certains étaient mensongers. Mais la mise en scène a minima de ces films témoignait de leur crédibilité. C’est lorsqu’il a fallu raconter des histoires que le langage cinématographique s’est mis en place. Alors, il devint de plus en plus facile de distinguer le documentaire de la fiction. Mais cette idée d’une simplicité de mise en scène renforçant l’impression de réalité est restée. Et depuis, à chaque nouvelle génération de cinéastes, on en trouve toujours pour tenter le coup. Ces dernières années, une révolution technologique a transformé chacun d’entre nous en journaliste potentiel capable de filmer n’importe quoi n’importe quand. Le cinéma s’est de fait réfugié dans le grand spectacle. À l’exception de certains réalisateurs. Y voyant l’opportunité d’entremêler étroitement réalité et fantastique, ces cinéastes ont, pour des budgets de misère, bricolé des films hybrides. Sans complexe, ils ont associé esthétique documentaire (d’autres parleront de dogme) et extravagances délirantes. 

OUSTE LA FICTION 

Quand Heather (Heather Donahue), Michael (Michael Williams) et Joshua (Joshua Leonard) s’engagent dans la forêt de Blair afin d’y faire un documentaire sur une sorcière, on se doute bien que les choses vont tourner à l’aigre. Après u [...]