Séquence(s) n°290
Alfred Hitchcock a réussi, mine de rien, un véritable exploit. Il fut le premier – et quasiment le seul – réalisateur hollywoodien à ouvrir le cinéma aux tendances les plus aigües de l’art contemporain. L’architecture moderne, la musique électronique, le surréalisme se croisaient allègrement au coeur de ses films, y compris les plus abordables. Curieusement, il n’a jamais songé à y adjoindre le cinéma lui-même. Cela ne se faisait pas. Et même s’il était sensible au talent de ses pairs, il est resté méfiant à leur égard, gardant le secret espoir d’être celui qui en savait le plus. Brian De palma n’avait pas vingt ans à la sortie de Sueurs froides. C’est l’âge crucial des influences, celui où les cinéastes en herbe mémorisent durablement tout ce qu‘ils voient. Digérées, triées et parfois recrachées, ces impressions fourniront un humus des plus fertiles aux artistes en devenir. Si la Nouvelle Vague s’est amusée à la citation et au pastiche, la génération suivante va véritablement puiser la matière de ses films dans ceux de ses ainés. Jusqu’alors, il convenait de s’inspirer de la littérature, du théâtre ou de la vie, mais jamais du cinéma. Pulsions est un prototype. Pour la première fois, un cinéaste s’empare de l’oeuvre d’un autre afin de la faire sienne. Il ne s’agit pas de copier mais de prolonger, ce que fait De Palma avec l’oeuvre de Hitchcock.
FRUSTRATION
Scottie Ferguson (James Stewart) est engagé par son vieil ami Gavin Elster (Tom Helmore) pour surveiller sa femme Madeleine (Kim Novak). Elle est obnubilée par Carlotta Valdes, une de ses aïeules morte tragiquement un siècle auparava [...]
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