Séquence(s) n°284

Vingt-quatre ans de réflexion ? Pas vraiment. Entre son premier long-métrage et son avant-dernier, David Lynch n’a pas tout à fait changé. Recyclage d’obsessions ou réflexes créatifs ? Posons la question et tentons d’y apporter un soupçon d’éclairage.
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Quitte à ne faire qu’un film, autant qu’il soit mémorable. Les cinéastes débutants entament souvent leur carrière avec une mentalité de kamikaze. Ils se persuadent de n’avoir qu’une seule et unique opportunité de montrer, aux yeux de tous, ce qu’ils savent faire : un bref et splendide feu d’artifice. Alors, ils mettent tout ce qu’il y a en magasin, des idées qu’ils sont persuadés d’être seuls à avoir eues jusqu’aux hommages secrets aux cinéastes de leur adolescence. Malheureusement, il en ressort souvent des oeuvres denses et absconses, bien au-delà de ce qu’un spectateur lambda peut raisonnablement encaisser. Parfois, ces premiers films vont jusqu’à polluer une filmographie entière. Nombreux sont les cinéastes, boitant de leur échec initial, et qui ne s’en remettent jamais. D’autres, en revanche, savent parfaitement relativiser. Ils se servent de ce premier essai comme d’un bloc-notes, où ils viennent puiser régulièrement quelques idées ou obsessions afin d’enrichir leurs oeuvres futures. 

SÉMINAL 

David Lynch, comme à son habitude, brouille les cartes. Eraserhead, de par sa fondamentale originalité, tant artistique que narrative, avait tout pour être le joyau unique d’un artiste génial et solitaire. Mais le cinéaste a compris tout le danger de se complaire dans ce rôle, pourtant flatteur. Plutôt que de traîner son film comme un caillou dans sa chaussure, il a préféré en faire la source première de toute son inspiration, voire la matrice de son oeuvre. Et celui qui prend le temps de le regarder attentivement saura reconnaître, au détour d’une séquence, les emprunts à ce film initial qui demeure toujours impressionnant. 

Henry (Jack Nance) est un drôle de type qui vit dans une drôle de ville. Il se déplace trotte-menu comme un rat, le long des murs, en baissant la tête. Il [...]

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