C’est vertigineux d’être heureux. Lorsque tout va mieux que bien, on finit par ne plus savoir quoi faire. La perfection devient peu à peu le prélude à l’ennui. À peine a-t-on le temps de s’en apercevoir que la débandade s’annonce. Vite, il faut une idée. Quelque chose de dramatique qui remplira d’une humeur sombre les jours interminables que ce bonheur replet nous laisse entrevoir.

Le Roi Arthur vient d’en trouver une. La reine en aime un autre. Tout périclite, lui comme son royaume. Il décide d’envoyer les siens, sa garde rapprochée, à la recherche du Saint Graal. Et voilà les chevaliers de la Table Ronde éparpillés en terra incognita pour une décennie d’errance, cherchant la raison du mal-être de leur roi. Ils seront nombreux à périr. Leur souverain y gagnera une raison de vivre et eux, un funèbre ornement à leur légende naissante. Il faut donc quitter le confort de Camelot. Bientôt, le petit bataillon s’éparpille et chacun s’en va chercher fortune de son côté. L’opacité des symboles révélera leur personnalité à la lueur de ce qu’ils veulent bien y deviner. La route fait la pensée. Suivons Perceval (Paul Geoffrey dans Excalibur), le plus jeune d’entre eux.

TOUS POUR UN

Tout de suite, il faut dire l’éloignement, puis la volonté et enfin la solitude. En trois plans, une troupe décidée devient un seul homme qui doute. Lorsque l’on voit les chevaliers s’éloigner de Camelot, on s’attend à des adieux fraternels. Ils savent la dureté de l’épreuve qui les attend et ne peuvent imaginer un seul instant qu’ils en reviendront tous indemnes [...]