Séquence(s) n°281
Les plus ambigus se réfugieront toujours derrière un argument imparable. Ils montrent le chaos et le désordre humain pour mieux les dénoncer. D’autres préfèreront s’interroger sur les raisons qui conduisent certains peuples à exterminer leurs prochains. Ce n’est pas un hasard si Sergei M. Eisenstein se voit confier la réalisation d’Alexandre Nevski par Joseph Staline lui-même. L’époque est trouble. La Deuxième Guerre mondiale se dessine en filigrane dans l’avenir européen. Le scénario rappelle opportunément comment Nevski, au coeur du XIIIe siècle, repousse les chevaliers teutons qui avaient des vues sur la jeune Russie. Un message limpide qui s’adressait directement à Hitler. Reste quand même à faire le film. C’est une responsabilité écrasante, y compris pour l’un des plus grands cinéastes de tous les temps. La marge est étroite. Il doit composer avec le diktat de son dirigeant et ses visions d’artiste. Dans un tel fracas, symphonie dissonante de bruit et de fureur, il est bien difficile d’exprimer sa différence. Et plus encore, de la faire entendre.
ABSTRACTION GUERRIERE
Étrangement, une des plus longues séquences de bataille de l’Histoire du cinéma commence de façon bien banale. Un simple panneau indique le 5 avril 1242. C’est une césure. Il convient de séparer l’héroïsme à venir de la trivialité du début. Une ouverture à l’iris donne le sentiment que le jour se lève, et peut-être plus. La partition de Serge Prokofiev a des accents wagnériens, prélude lyrique à une ère nouvelle pour la Russie. En contrejour, nous découvron [...]
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