Séquence(s) n°279

Qu’ils vivent en Transylvanie ou en Louisiane, les vampires sont tous un peu les mêmes. Ils craignent la lumière diurne, se nourrissent de sang et dorment, le jour durant, dans un cercueil scellé. Ils sont solitaires et souvent désespérément seuls. Pourtant, ils provoquent chez certains une attraction irrésistible, voire une dangereuse confusion de sentiments.
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Pour nous intéresser à un genre laminé par l’ironie destructrice des seventies, Neil Jordan va débarrasser le mythe de certaines idées reçues et rehausser le trouble. Les deux protagonistes seront des hommes jeunes et beaux. Mieux encore, ce sont deux stars mondiales au zénith de leur aura fantasmatique ou en voie d’y parvenir. Quand Lestat (Tom Cruise) jette son dévolu sur Louis (Brad Pitt), il n’y a aucun doute sur le sentiment qui l’anime. Jeune veuf désespéré, le second va chavirer sous les assauts du vampire. La cristallisation de cet amour se fait autour d’un échange de sang. Bien que le film se déroule principalement durant le XVIIIe siècle, voilà qui lui donne une contemporanéité évidente. Dans cette Amérique se remettant difficilement des désastres médicaux et moraux du SIDA, son parti pris semble pour le moins courageux. Si s’aimer peut rendre malade à en mourir, nous sommes tous capables de courir ce risque. Cela réactualise le genre, lui insuffle une urgence qu’il n’avait plus connue depuis longtemps. Reste maintenant à tenir ses promesses de cinéaste. Là où nombre de ses collègues se sont particulièrement illustrés, Jordan choisit un biais à haut risque, puisqu’il épouse un point de vue plus littéraire que cinématographique. 



FÉTICHISME SANGUIN
Celui qui est aimé, au début, ne le sait jamais. Il est troublé, sent bien qu’il se passe quelque chose, et finalement, est mal à l’aise. Souvent, il ne comprend le pourquoi de ce vague à l’âme. Contemplatif et nostalgique, Louis s’abandonne au doux plaisir de regarder disparaître un soleil rougeoyant. Ne pouvant se défaire de ses sentiments, il se laisse envahir par la nuit [...]

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