Séquence(s) n°277
Les films d’anticipation vieillissent mal. Les pieds dans le futur et la tête au présent, les cinéastes qui s’y risquent en sortent rarement indemnes. Certains se sont même couverts de ridicule. Pourtant, ce genre attire régulièrement les plus talentueux, comme un challenge auquel ils ne pourraient pas se soustraire. Se sentant peut-être à l’étroit dans le rôle de narrateur doué, ils ont la tentation d’étoffer leurs oeuvres de considérations politiques, voire philosophiques. Se pencher sur l’avenir immédiat tout en
gardant un oeil sur notre quotidien permet toutes les extrapolations. L’alliage idéal de la narration et de la morale, du spectacle
et de la méditation. En 1971, c’est au tour de Stanley Kubrick de succomber. Orange mécanique raconte les aventures d’Alex (Malcolm McDowell), un adolescent de quatorze ans qui vit autant de la violence que de la déshérence sociale. Le film dénonce la démagogie politicarde de dirigeants dépassés par les événements. Avec 2001, l’odyssée de l’espace, Kubrick avait su donner une réalité pour le moins inattendue à des propos audacieux dans le cadre d’un film à grand spectacle. Mais c’est ici que tout se complique. La science-fiction permet de tout inventer à condition d’en avoir l’imagination. En revanche, l’anticipation pose beaucoup de questions vicieuses. Le cinéaste doit proposer une alternative crédible des années à venir, celles que nous allons vivre. Mais celui qui évoque le futur se trompe forcément. À lui de limiter les dégâts et de combiner l’indispensable amalgame du fantasme et de la réalité afin de ne pas perdre le fil de son propos.
LONDRES, FUTUR PROCHE
Quand Alex, chassé de chez lui, [...]
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madgabriel
le 03/12/2015 à 14:46Bien vu. Je parcours pour la premiere fois cette rubrique. Excellente.