Sang d'encre n°303

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LA CROISIÈRE DES OMBRES DE JEAN RAY
ALMA EDITEUR – 318 PAGES 

En 1925, la sortie des Contes du whisky (voir le volume 2 des rééditions chez Alma) est saluée par une presse unanime et un succès commercial. On parle de Jean Ray comme de l’« Edgar Poe belge ». L’ascension se brise le 8 mars 1926 par la mise en faillite et l’incarcération de l’auteur, mêlé à un détournement de fonds à Gand et condamné à six ans de prison (il sera libéré en 1929). Ray est désormais pestiféré. D’où sa renaissance en « John Flanders », auteur prolifique néerlandais, bientôt désigné comme le « Jack London flamand » (les critiques aiment les comparaisons). La Croisière des ombres, publié en décembre 1931, marque donc le retour officiel de Jean Ray. Ce nouveau recueil contient quelques-uns des chefs-d’oeuvre du romancier : La Ruelle ténébreuse et Le Psautier de Mayence confirment son talent d’explorateur des mondes parallèles, jouant avec les artifices et les conventions de l’écriture, distanciant les procédés, croisant les clichés et les métaphores, créant de l’étrangeté par le recours de mots obsolètes. Dans sa postface, Arnaud Huftier souligne l’efficacité terrifiante de la littéralisation du cliché : Ainsi, dans La Présence horrifiante, quand le narrateur évoque au début la « hantise de la grande solitude qui heurte notre crâne et tâche d’y entrer », Ray prend l’image au pied de la lettre, matérialisant la solitude comme une entité à cinq doigts venant tourmenter un malheureux : [...]

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