Sang d'encre n°297

Jodo toujours, Jean Ray enfin, et du fanzine pour la forme : le Sang d’encre de juin bondit et rebondit dans tous les (mauvais) genres.

LES FILS D’EL TOPO
D’ALEJANDRO JODOROWSKY ET JOSÉ LADRÖNN – GLENAT – 64 PAGES

En 1970, Alejandro Jodorowsky entrait dans la légende en façonnant El Topo, western surréaliste voguant entre la crasse des cowboys transalpins et les visions tordues de Salvador Dali, tenu pour être le tout premier « midnight movie » de l’Histoire. Si l’objet est devenu culte pour ses saillies dadaïstes et ses dérives graphiques, il raconte pourtant de façon très touchante la vie de Jodorowsky lui-même, qui incarne d’ailleurs ce sombre cow-boy abandonnant sa progéniture pour se lancer dans une quête aussi mystique que non-sensique, et dont l’absence même de sens l’amènera à découvrir celui de sa propre vie. Autoanalyse à la foi égocentrique et lucide sur la façon dont Jodorowsky a sacrifié son lien avec ses enfants pour privilégier sa soif d’absolu artistique et existentiel, El Topo portait en lui les germes d’un univers qui ne demandait qu’à exister plus avant, ce que le cinéaste a tenté de concrétiser plusieurs fois (notamment sous le titre Abel Cain) avec des alliés de poids (Johnny Depp), mais sans jamais réussir à convaincre un financier assez couillu pour le soutenir dans sa vision. C’est finalement à travers la BD, domaine dans lequel il s’épanouit à coups de scénarios géniaux (L’Incal, La Caste des méta-barons, Bouncer et on en passe), qu’il a choisi de continuer l’aventure. Nous retrouvons donc, comme le titre l’indique, les fils d’El Topo devenus adultes. Alors que la tombe de son père est devenue une île impénétrable remplie d’or qui attire les faux prophètes du monde entier, Cain, maudit parce que voué à tuer son frère Abel, erre dans le désert en tentant de trouver un remède à sa solitude. De son côté, Abel désire enterrer sa mère aux côtés de son père et va demander l’aide de son frère… Si Les Fils d’El Topo a changé de média, l’histoire semble être rigoureusement identique au scénario conçu par Jodorowsky pour son projet cinématographique. Et pour cause : l’auteur nous a confié avoir conçu la BD (qui sera vraisemblablement une trilogie, même si une tétralogie n’est pas exclue) comme un story-board de luxe censé livrer sa vision au public et susciter assez d’enthousiasme pour lever les six millions d’euros nécessaires au passage sur grand écran. Dire qu’on espère le succès de l’entreprise est un euphémisme : sous le trait à la fois ultra précis et brutalement poétique du surdoué José Ladrönn (Les Inhumains, Après l’Incal), Les Fils d’El Topo [...]

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