LE BRADY, CINÉMA DES DAMNÉS – DE JACQUES THORENS – 354 PAGES – GALLIMARD 
MIDI-MINUIT FANTASTIQUE VOL. 2 – SOUS LA DIRECTION DE MICHEL CAEN ET NICOLAS STANZICK – 752 PAGES – ROUGE PROFOND

Le Brady, 39 boulevard de Strasbourg, Paris X, est une salle d’Art et essai. Mais de 1965 au mitan des années 90, elle fut le repère d’une cinéphilie avide d’épouvante. Vers 2000, Jacques Thorens fut le projectionniste de ce vestige décadent des cinémas de quartier. Il se remémore bien sûr les copies fatiguées, parfois vinaigrées, de doubles programmes géniaux : Barbara Steele côtoyait les vampires nues de Jean Rollin, Le Cauchemar de Dracula succédait, sans s’offusquer, à Virus cannibale. Mais son livre est surtout la biographie d’un lieu turbulent, se confondant avec l’érosion même du cinéma bis. Le regard de Thorens est lucide, amusé, désenchanté, toujours tendre, émouvant. Tout est dans le sous-titre : Le Brady, cinéma des damnés. Ce sont les clochards soiffards, les vieux homos maghrébins en quête de caresses furtives, les chômeurs dépressifs et les prostituées bulgares utilisant la caisse du cinéma comme vestiaire… La fiction investissait tous les interstices du lieu. Le roman-témoignage de Thorens se lit aussi comme un portrait en creux de l’increvable Jean-Pierre Mocky, gérant parfait de cette fin de règne désorganisée, en chantier permanent.

Ce ne fut pas le seul cinéma spécialisé dans l’horreur. La salle parisienne la plus mythique fut le Midi-Minuit, au point de donner son nom à une célèbre revue des années 60-70, Midi-Minuit Fantastique. La réédition phara [...]