Sang d'encre n°285

De Jésus à Leatherface, les prophètes prennent d’assaut les librairies, tandis qu’une bande d’érudits décrypte le cinéma d’horreur des années 40.

JÉSUS DE NAZARETH
DE PAUL VERHOEVEN ET ROB VAN SCHEERS – AUX FORGES DE VULCAIN – 380 PAGES – 20 €

« Des pieds nus pendent le long d’une poutre, des clous fichés dans les chevilles. Hurlements. La caméra glisse vers le haut : un homme nu apparaît. Il a été crucifié. Zoom arrière. Ce n’est plus un homme crucifié que l’on voit, mais trois. La caméra continue à glisser vers l’arrière et nous apercevons alors dix personnes dont des femmes, tous nus. Finalement, nous voyons deux cent personnes pendues à autant de croix, le long du chemin tortueux qui mène à Sepphoris. La ville est en feu. Les soldats romains emmènent hommes, femmes et enfants, ils vont être vendus comme esclaves. Nous sommes en Galilée, en l’an 4 avant J-C. Nous nous déplaçons vers le centre de Sepphoris. Des soldats romains pillent et violent. Une jeune juive, âgée de 16 ans au plus, se cache dans une maison. Sa famille a été assassinée. Un soldat la découvre et la viole. Elle s’appelle Marie. » C’est ainsi que Paul Verhoeven envisage le début de son biopic de Jésus, un projet cher à son coeur mais longtemps repoussé, et qui pourrait bientôt voir le jour en France, la nouvelle terre promise du cinéaste hollandais. En attendant, il nous livre cet ouvrage érudit qui relève autant de la note d’intention que de l’étude en profondeur du Jésus historique, Verhoeven partant du principe que tout ce qui a été raconté sur le Nazaréen et qu’il ne pourrait pas mettre en scène sans faire appel à des effets spéciaux est forcément faux. Partant de là, il recoupe les informations (de seconde main, faut-il le rappeler) que nous fournissent les Évangiles et, fort de ses 20 ans d’études au sein du très sérieux « Jesus Seminar », pratique l’exégèse des sources les plus solides pour dresser le portrait d’un révolutionnaire mis à mort parce qu’il gênait le pouvoir en place, un terroriste de la pensée dont la parole [...]

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