Sang d'encre n°282

Un manga très cul, un comic-book d’horreur et des fanzines faits avec le cœur : les lectures conseillées de ce début d’année sont très intenses.

LADY BOY VS YAKUZAS – L’ILE DU DÉSESPOIR
Devenu l’un des filons les plus rentables du seinen contemporain, le« survival game » entame une phase de bégaiement créatif finalement prévisible. La surexploitation de dispositifs narratifs très similaires et le recyclage systématique de figures déclinées ad nauseam ont ainsi sérieusement entamé la puissance d’un genre funambule et galvanisant, qui marche sur le fil de la critique sociale et exhibe avec la fougue d’un ado rebelle un nihilisme complaisant. Conscient de cette paresse artistique liée à des exigences éditoriales très cloisonnées, et sûrement désireux de mettre les pieds dans le plat, l’auteur – quasi inconnu au bataillon malgré ses 20 ans d’activité ! – Toshifumi Sakurai décide alors de faire une tambouille inédite, une sorte de préparation ultra relevée dont la recette combine des ingrédients (a)moraux que notre grille de lecture occidentale peut difficilement appréhender. Muselez votre bon goût, voici l’épique aguiche : un yakuza goguenard et queutard, coupable de s’être levé la femme ET la fille de son oyabun, finit de force sur une table d’opération où son big boss lui a réservé un changement de sexe parfaitement élaboré (notre bad boy monté comme un âne est désormais une sex bomb aux attributs probants et massifs). Mais ce n’est pas tout : en plus de ce basculement identitaire un peu forcé, le parrain revanchard décide de jouer les comte Zaroff et largue son ex-porte-flingue sur une île sauvage qui abrite rien moins que les pires délinquants sexuels du pays, réunis pour l’occasion et tous remontés à bloc à l’idée de 1/ pouvoir tâter du cuisseau bien ferme, et 2/ dégager de cet enfer vert, le viol de la « cible » leur permettant de regagner en toute quiétude la vie civile. Enfin, notez que ces quelques grandes lignes posées ne reflètent que très mollement la folie stratosphérique de l’entreprise qui, dans ce premier tome miraculeusement traduit chez nous par les kamikazes des éditions [...]

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