REVENGE de Coralie Fargeat

Revenge

Pour son premier long-métrage, la Française Coralie Fargeat s’attaque au genre casse-gueule du rape and revenge à travers une oeuvre colorée et excessive qui a beaucoup fait parler d’elle dans quelques festivals majeurs. Reste à savoir si l’objet mérite l’excitation qui l’entoure ou n’est qu’une de ces baudruches trop « hypées » pour leur propre bien…
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POUR
Par définition, le rape and revenge interdit au spectateur de réfléchir à son positionnement moral : la légitimité de la vengeance de la victime est automatiquement actée par l’outrage qu’elle a subi. Surtout qu’en règle générale, ladite victime est à la limite de l’oie blanche. Dans Revenge, les choses sont un peu plus compliquées, puisque Coralie Fargeat met en scène une héroïne qui, par son comportement, pourrait nourrir les habituelles pirouettes justificatives à base de « C’est une allumeuse, elle l’a bien cherché ». Lors de sa brève exposition, Revenge n’hésite pas, en effet, à faire de Jen (Matilda Lutz) une jeune femme provocante parce qu’elle cherche, comme elle le dit elle-même, à « être remarquée », si possible à L.A., histoire de devenir riche et célèbre simplement pour sa beauté plastique. Jen cherche avant tout à être aux yeux des hommes le fantasme que ces derniers recherchent. Au spectateur, donc, de comprendre que ce modèle comportemental traduit une situation sociétale inégalitaire et n’excuse EN RIEN le viol qui s’ensuit. Revenge n’est donc pas le film bêtement féministe que la redéfinition parfois épidermique des rapports homme/femme instituée par l’affaire Weinstein (et toutes celles qui ont suivi) semble malheureusement appeler. D’autant que le traitement tonal et visuel du film développe une approche pop et outrancière qui ne s’interdit pas le plaisir d’explorer la cinégénie des corps et des situations. Bien au contraire, la réalisatrice met sur un pied d’égalité la plastique masculine et féminine (le climax est on ne peut plus clair) et donne à ses éléments horrifiques et ses partis-pris visuels une signifiance discrète. Le rôle symbolique des fourmis (d’abord prédatrices, puis noyées dans le sang de la victime), les inversions de situations (les face-à-face inaugural et final à travers la vitre entre le chasseur et sa proie), les mises à mort aux méthodes pas innocentes (le « spectateur » privé de ses yeux, le beauf complexé renvoyé ad patres a [...]

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