Ressortie : Le Voyage de la peur
Le Voyage de la peur
The Hitch-Hiker. 1953. USA. Réalisation Ida Lupino. Interprétation Edmond O’Brien, Frank Lovejoy, William Talman… Ressortie en septembre 2020 (Les Films du Camélia).
En tant qu’actrice, Ida Lupino se définissait comme la « Bette Davis du pauvre ». Plus tard, en tant que cinéaste, elle se qualifiait, non sans humour, de « Don Siegel du pauvre ». Bette Davis et Don Siegel : le talent de l’une n’avait d’égal que l’efficacité de l’autre. Si Ida Lupino n’a jamais réellement croisée la première, elle eut en revanche l’opportunité d’écrire et de jouer pour le second, à une époque où Hollywood n’était pas tendre avec les femmes. Surtout quand elles voulaient passer derrière la caméra. Lupino le voulait plus que ses consoeurs, et y parvint. De l’ennui qui règne entre les prises sur un plateau de tournage, elle fit son allié. Observant, scrutant le long et difficile processus de fabrication d’un film. La réalisatrice du Voyage de la peur eut pour professeurs Raoul Walsh, Nicholas Ray, Fritz Lang, Michael Curtiz ou encore Jean Negulesco. Que des hommes, mais du beau linge tout de même. Elle apprit d’eux pendant que leur regard mettait en valeur sa silhouette et ses yeux sombres. Lupino tranchait avec les canons de beauté de son temps, mais uniquement pour le meilleur. Il y avait quelque chose de dur chez elle, un évident côté gouailleur avec, par moments, un jeu légèrement « garçon manqué ». Mais le charme agissait plein pot, et Lupino l’actrice tailla sa route à grands coups de rôle de femme aussi fatale que dangereuse, qui donnait du fil à retordre à Humphrey Bogart, Richard Widmark et Jack Palance. Sur le plateau, la comédienne a toujours l’impression que « quelqu’un d’autre semble faire le travail le plus intéressant ». Mais à la fin des années 40, Hollywood est un endroit qui lave plus mâle que partout ailleurs. Alors, c’est avec son mari Collier Young, scénariste et producteur à la Columbia, qu’elle décide de créer une compagnie d’abord nommée Emerald Productions, puis rebaptisée The Filmmakers dès 1949. Ne croyez pas à une lubie de réalisatrice frustrée, ou un caprice de star voulant jouer dans la cour des grands. Car dès le départ, la microsociété compte [...]
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